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Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

Les Juifs d'Egypte



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On ne compte plus aujourd’hui qu’une dizaine de juifs en Egypte. Pourtant, de l’Antiquité jusqu’à l’indépendance de l’Etat d’Israël, ils étaient plusieurs dizaines de milliers à y vivre prospères et en toute tranquillité. Récit d’un divorce et d’une fuite forcée.

Des rescapés, témoins d’une autre époque, révolue, où tout était simple. Cet âge d’or, il ne sont qu’une dizaine à l’avoir connu. Une dizaine de juifs qui ont choisi de rester en Egypte malgré tout, malgré la création de l’Etat hébreu, malgré la guerre de Suez, malgré les brimades depuis 1948. Aujourd’hui, ces temps prospères semblent remonter à la préhistoire. Et pourtant, ils ne datent que de soixante ans.

Une présence juive est attestée en Egypte depuis l’Antiquité, que ce soit sous la puissance grecque, romaine, byzantine ou arabe. Les juifs ne sont donc pas une communauté étrangère ; il s’agit d’une minorité égyptienne au même titre que les chrétiens coptes. Si elle subit parfois des accès de violence, elle vit en harmonie avec les autres communautés, notamment avec les Arabes.
C’est surtout vers la fin du XIXe siècle que de nombreux juifs affluent vers l’Egypte. Vers 1850, on ne compte en effet que 6 000 juifs sur les bords du Nil, largement adaptés à leur environnement dans leur mode de vie et leur langage. Les immigrants viennent de lieux très divers pour des motifs qui le sont tout autant, souvent à cause des persécutions à leur encontre. De Syrie, du Liban, de Palestine, d’Irak, du Yémen, mais aussi d’Afrique du Nord (Libye, Algérie, Tunisie, Maroc), et de pays du sud de l’Europe (Turquie, Grèce, Italie, Espagne), et d’Europe de l’Est (de France essentiellement d’Alsace, d’Allemagne, d’Autriche, de Pologne, de Russie).
Le nombre de juifs s’accroît pour atteindre près de 30 000 aux alentours de 1890. Avecegyptecommu.jpgl’expulsion des juifs russes et polonais de Palestine au cours de la Première Guerre mondiale – parce qu’ils appartiennent à une puissance belligérante – la communauté juive se chiffre à 60 000 après 1919. Ce nombre atteint même les 75 000 aux alentours de 1930. Ces juifs ne représentent, certes, que 0,4 % de la population globale du pays, mais leur concentration dans les centres urbains leur donne un poids économique autrement plus important que leur très faible pourcentage.
En effet, les juifs se comptent en dizaines de milliers à Alexandrie ainsi qu’au Caire et à Tanta.
Jusqu’aux années 1940, la création de nouvelles industries donne à l’Egypte un essor économique certain et le judaïsme y contribue largement. De nombreux juifs exercent des professions libérales, dans la médecine, l’industrie, le commerce, la finance. D’autres s’illustrent au service de l’Etat comme ministres, députés, sénateurs et hauts fonctionnaires.
Les juifs occupent une place de premier rang dans l’économie égyptienne, dans les activités financières, le commerce international, le textile ou l’or sont autant de secteurs. Les juifs sont intégrés comme ils ne l’ont jamais été et comme ils ne le seront jamais plus. Leur influence est telle qu’ils ont des représentants au Sénat, à la Chambre des députés, et même au gouvernement où le président de la communauté juive du Caire, Youssef Aslan Cattaoui Pacha, est nommé d’abord ministre des Finances en 1925 puis ministre des Communications. Dans leur action politique, les juifs ne se départissent pas d’une règle absolue : être les plus loyaux possible envers le pays.

synacaire1.jpgMultiples dissensions

La religion reste l’épine dorsale de la communauté juive, aussi bien pour les sépharades (majoritaires), que pour les ashkénazes et les caraïtes. Les caraïtes constituent un groupe du Caire ne comprenant que quelques milliers de personnes. Ils refusent la codification interprétative contenue dans le Talmud et s’en tiennent à la loi écrite, au contraire des rabbanites.
Chaque rite a ses synagogues. Mais lors des grandes fêtes juives, comme à Pourim, les cérémonies réunissent toute la communauté, loin des multiples dissensions qui la parcourent. Et pour tous les courants, on note une certaine " égyptianisation " du rite et des synagogues.
Mais les juifs se dissocient peu à peu du reste du pays. Certains subissent l’influence des occidentaux, dans leurs mœurs et leurs traditions. L’accentuation de l’écart entre les juifs européanisés et les autres dépasse le seuil de la communauté pour s’étendre aux relations avec les Arabes.
Ce mouvement d’occidentalisation remet en cause partiellement l’assimilation. Plus les ponts se construisent entre juifs et européens, plus ceux avec les arabes se coupent. La dimension arabe s’estompe et l’image des juifs se brouille jusqu’à devenir non plus celle d’une minorité nationale mais celle d’une minorité identifiée comme étrangère.
En 1922, l’Egypte obtient son indépendance. Le vent de nationalisme qui souffle dans le pays se heurte alors aux désirs d’émancipation de la communauté juive. Les relations avec les Egyptiens se détériorent graduellement, même si, jusqu’aux premiers troubles en Palestine, il n’existe pas de véritable problème juif. Mais l’emprise croissante des mouvements religieux, notamment des Frères musulmans, hisse la question palestinienne au rang de problème central pour la Nation arabe. L’accusation de collusion entre les sionistes et l’impérialisme anglo-saxon place les juifs d’Egypte dans une situation délicate.
Pour eux, reconnaître le droit de leurs coreligionnaires à s’établir en Terre Sainte, c’est s’exclure de fait de la nation égyptienne. Lucide, le journaliste et politicien Muhammad Hassanein Haykal, dans un discours prononcé le 24 novembre 1947 à la réunion plénière de l’ONU, lance un avertissement solennel : la décision de partage de la Palestine déclenchera une vague d’antisémitisme en terre arabe.
Il avait vu juste. La naissance de l’Etat d’Israël en 1948 provoque une cassure entre juifs et Arabes. Dès lors, des rapports de suspicion réciproques remplacent ceux de bon voisinage. C’est la séparation et la déchirure.
Le 1er mai 1948, la loi martiale est proclamée, 600 juifs sont arrêtés ou internés. Puis quatre jours plus tard, les professeur et les étudiants juifs sont expulsés de l’Université d’Alexandrie.

Tous les journaux juifs sont interdits

Malgré une déclaration de loyauté du grand rabbin, Haïm Nahoum Effendi, les juifs sont victimes d’excès anti-européens et antisémites. Se succèdent alors un grand nombre d’actes à l’encontre de la communauté juive égyptienne, visant notamment les écoles, bâtiments autant exposés que les synagogues. Le 1er mai 1948, la loi martiale est proclamée et dans la nuit, 600 juifs arrêtés et internés. Le 5 mai 1948, les professeurs et étudiants juifs sont expulsés de l’Université d’Alexandrie. Tous les journaux juifs sont interdits. En juillet de la même année, par proclamation du gouvernement, « les juifs, quelle que soit leur nationalité, sont retenus ou otages sur le territoire égyptien ».

Mais la défaite en Palestine est très durement ressentie par les arabes. Elle est attribuée aux chefs corrompus de l’Etat et de l’armée. Cela provoque une dernière impulsion à la révolte contre l’ordre établi. Après de sanglantes émeutes en janvier 1952, les " officiers libres " s’emparent du pouvoir. La situation des juifs n’en pâtit pas trop dans un premier temps. Les nouveaux maîtres du pays garantissent aux étrangers et aux minorités la sauvegarde de leurs vies et de leurs biens. Le général Neguib se déclare pour l’égalité de droits de tous les citoyens, quelle que soit leur origine.
Il se rend même à la grande synagogue du Caire, le soir de Kippour, à l’automne 1953. Durant cette période, le sionisme se fait plus intransigeant, la question palestinienne plus aiguë, le sort des minorités juives en Terre d’islam plus incertain. Et la prise de pouvoir de Nasser en 1954 constitue pour les juifs égyptiens l’épilogue de leur histoire moderne.
De 1956 à 1967, la vie juive s’éteint lentement en Egypte. Les écoles religieuses ferment, les synagogues aussi. Des vagues d’émigrants vident le pays de ses juifs.
La communauté se trouve mise en demeure d’opérer un choix décisif et difficile. L’antisionisme arabe court des Frères musulmans aux communistes et favorise dans la population égyptienne des préjugés à l’encontre des juifs. La politique et l’économie sont des terrains où ils sont particulièrement critiqués. L’anticolonialisme national voit dans les juifs les bénéficiaires de la domination étrangère et de l’ingérence du capitalisme européen dans le pays.
La situation des juifs d’Egypte est donc particulière. Contrairement aux départs, plus ou moins volontaires, de leurs coreligionnaires d’autres pays arabes, les juifs d’Egypte firent l’objet d’une expulsion de la part des autorités et ce dès 1956. Ailleurs, ce départ fut plus tardif (1962 pour les juifs d’Algérie).
Après leur dispersion, la plupart des juifs d’Egypte se sont assimilés aux pays qui les ont accueillis. L’occidentalisation qui avait touché l’Egypte leur offrit deux choix : l’immigration vers Israël ou l’adhésion complète à l’Occident en s’installant dans les anciennes puissances coloniales dans lesquelles ils restèrent souvent des juifs arabisés.

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