AVERTISSEMENT

Amis lecteurs
Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

Les Juifs de Rhodes




La communauté israélite de Rhodes au passé et de nos jours


Par Abraham J. Malinsky, Rabbin, Inspecteur d’Académie

Au temps des Maccabées

Dans le 1er des livres apocryphes des Hasmonéens, nous lisons (15, 23) que l’empire romain, ayant renouvelé le traité d’aide mutuelle avec le royaume juif des Maccabées en -142 EC., en notifie la Communauté Israélite de Rhodes (même en ces temps lointains, ladite Communauté fut parmi les plus célèbres de l’Empire Romain).
Joseph Flavius nous raconte dans son “Antiquité des Juifs” que le roi Hérode tint à visiter Rhodes à plusieurs reprises et à y construire des édifices remarquables. Cette île heureuse, dominée d’un côté par son Colosse, et d’autre part par les roses (dont l’ile tire son surnom), baignant dans une flore resplendissante et à l’abri des péripéties politiques de la terre ferme, est jusqu’à nos jours terre d’élection des retraités et pensionnés. Des siècles passent. La communauté se développe. Un procédé fait que les Juifs se concentrent dans la ville même de Rhodes et se spécialisent dans l’artisanat et le commerce. Grâce à leur savoir-faire et à leurs liens avec leurs coreligionnaires, le port de l’île acquiert une position prépondérante. Le voyageur Benjamin de Tudèle y trouve une communauté prospère de 150 familles. En 1280, soumis aux persécutions en Espagne, des Juifs espagnols y trouvent déjà refuge…

En état de siège

… Les Juifs se concentrent dans les quartiers portuaires de la ville. Leurs maisons s’adossent aux murailles renforcées par les Chevaliers Hospitaliers, qui sont maintenant maîtres de l’île. Cette île, habituellement placide, voit s’approcher les lignes de conflit avec l’empire ottoman. Les Turcs, après annexion de la pleine terre, visent à dominer le Dodecanèse, et imposent à l’Ile des Roses un siège impitoyable. Les Juifs participent activement à la défense de la ville. I1s mettent tous leurs biens à la disposition des défenseurs. De plus, ils détruisent leurs propres maisons fournissant pierres et matériaux pour renforcer les murailles afin de résister aux obus tirés par les bâtiments de guerre turcs. Les forces étant à peu près égales, c’est en fait une question de nerfs… Fait unique dans l’histoire, les Rabbins prêchent aux fidèles chrétiens. La nourriture fait défaut, les drapeaux blancs sont préparés… Mais ce même matin les bâteaux turcs quittent… Un autre fait unique intervient: les Hospitaliers reconstruisent, avec de fonds ecclésiastiques, les synagogues de la ville…
Mais le bon esprit d’entente se détériore après une série de catastrophes naturelles: tremblements de terre, épidémies, etc. Les obscurantistes côté croix y voient punition divine pour la collaboration avec les infidèles… Les Chevaliers suivent l’exemple de leurs coreligionnaires d’Espagne, et expulsent aussi les Juifs (1498-1500).

En 1522 les Turcs, aidés par des Juifs, s’emparent de l’île

Les Turcs comprennent qu’ils ne pouvaient que bénéficier de la présence juive. Ceux- enseignent aux nouveaux maîtres les techniques de l’Occident: le commerce, la fabrication et l’usinage, la médecine, l’imprimerie etc. Un essor donc. Sous l’égide des Turcs, nous sommes témoins de la montée de la Communauté juive de Rhodes. Les prospérités matérielles et spirituelles vont de pair.
Les habitants juifs de Rhodes se spécialisent entre autres dans le commerce national et international, la banque et la finance, la fabrication, le change, la médecine, la taxation, l’artisanat divers…
Rhodes devient un des centres sépharades les plus importants du monde - et cela pendant des siècles. Des célèbres rabbins, les uns après les autres s’y installent et rayonnent de leur talent à travers le monde juif. Au 16ème siècle s’y distingua le Grand Rabbin et écrivain Yehudah Ibn Verga. Ses compétences rabbiniques mises à part, il fut aussi geomètre, astronome et historien.

Le Grand Bassan.

Or, la communauté florissante de Rhodes ne se contenta pas d’un seul rabbinat. Parmi les lumières qui occupaient un siège rabbinique à Rhodes, il faut mentionner Moshe ben Avraham, de la dynastie rabbinique Israel de Jérusalem, qui visite Rhodes sur son chemin de retour après une collecte de fonds.
Sa prédication le jour de Chabbat crée une telle impression qu’un poste rabbinique lui est proposé sur place. I1 acquiert la renommée d’un auteur de responsa d’envergure mondiale, et publia plusieurs tomes de Responsa et d’homelies. Son fils Elie lui succède, il fut même plus prolifique que son père. I1 traduit chaque événement de la vie de son homonyme, le Prophète Elie de la Bible, en un ouvrage de littérature rabbinique actualisé sur le 18ème siècle - en tout 9 volumes. Son neveu et encore deux de leurs descendants couronnent l’oeuvre. En 1840 naît à Damas la calomnie célèbre du Sang, accusant faussement le Rabbin Antebbi, d’avoir assassiné un enfant non-juif pour utiisrer son sang pour le rituel des pâques juives. La vague arrive aussi à Rhodes mais le Rabbin Michaël Yaakov lsraël, incarcéré est libéré peu après… Cette dynastie rabbinique fonda à Rhodes une grande yechiva - académie talmudique qui fut active jusqu’à la deuxième guerre mondiale. Elle porta le nom si beau de “Yechivat lsraël”.

Synagogues célèbres

Ces synagogues avaient une valeur historique inestimable. Certaines datent encore du 16ème siècle. “Kahal Gadol” et “Kehal Chalom” connues par leurs reliefs artistiques et leurs armoires saintes imposantes. Menashe Camondo - de la famille bancaire Sépharade célèbre (”les Rothschild sépharades”) - dont le parent parisien fonda l’exceptionnel Musée parisien Camondo - fonda une synagogue de rare beauté - la Synagogue et la Yechiva Menashe de Rhodes.
Ce n’est pas sans raison que la Rhodes Juive occupe fort souvent les colonnes de Los Muestros.
Dans la tourmente quand l’Italie s’empara de Rhodes en 1912 c. 4000 Juifs y habitent. Des immigrés juifs italiens renforcent la communauté. Un Séminaire Rabbinique y est même fondé.
A partir de 1938 commence un tournant. Décrets anti-juifs, expulsions etc.
Maintes familles juives quittent pour le Congo et la Rhodésie. Les affres de la guerre n’épargnent point cette communauté merveilleuse anéantie par la barbarie nazie à Auschwitz. De tous ces innocentes victimes survivent 160 personnes à peine. Le coeur pleure cette perte irremplaçable

De nos jours…

Dans un des numéros récents d’un journal israélien, Aharon Cohen évoque une visite récente à Rhodes. Le soleil est rouge-jaune; la mer - bleu-azur; les maisons blanches, les murailles grisâtres, la musique “Buzuki” parfume l’air…
Le vieux et le neuf s’entre-mélangent, représentés par le cimetière dehors et la synagogue dedans… Au coin de la synagogue une vieille femme sursaute aux sons de notre ladino. Elle se raconte un peu. Rescapée d’Auschwitz elle montre, en premier lieu, le maudit numéro qu’elle porte depuis lors. Son mari disparu, elle jure de continuer sa tache: la surveillance de la vieille synagogue ad aeternam. Ses enfants habitent Haïfa.
Plus d’offices réguliers. Parfois des touristes rentrent hâtivement pour réciter un kadich orphelin d’orphelins… . La communauté compte en tout 34 âmes. I1 n’y a plus de jeunes, avec toutes les conséquences de la situation. le passé imposant se reflète dans la splendeur de la synagogue; mais aussi dans celle du cimetière. Une mère et sa fille, catholiques, veillent à leur tour sur le cimetière. C’est une tradition jalousement gardée par leur famille. Le cimetière est bien entretenu. Pas une feuille ou une brindille sur les sentiers. Tout est répertorié et facilement trouvable. L’histoire glorieuse d’un des centre sépharades les plus célèbres parle, crie, de chaque inscription. Les monuments sont remarquables…
Le marbre blanc est le plus répandu. Mais la pièce de résistance est la grande pierre tombale qui veille au tombeau commun, regroupant les 2000 noms des membres de la communauté, déportés en 1944… Leurs âmes mortifiées planent ici, tel un Assuerus errant, posant un point d’interrogation éternel, sans réponse possible…
ZAKHOR. C’est un devoir sacré que de raviver la flamme de Rhodes, raconter ce qui s’est passé ici et évoquer sans cesse le patrimoine de sa Communauté.




La présence juive à Rhodes fut mentionnée pour la première fois dans le livre des Maccabées au 2ème siècle avant JC.
Les allées médiévales pavées, étroites et arquées de la Juderia (quartier juif) sont ornées de symboles, preuve immuable de cette présence durant les siècles. L’historien Flavius Josèphe parle également de cette présence au 1er siècle après JC. Au 12ème siècle des écrits confirment leur présence. Benjamin de Tudèle, rabbin et explorateur, visita l’île en 1116 et y découvrit une communauté de 400 à 500 personnes. Nombre qui augmenta considérablement en 1280 avec l’arrive de juifs d’Aragon. Dans une lettre, qui se trouve à Florence, un rabbin italien y écrit : « Je n’ai jamais rencontré une telle communauté juive, ou chacun, du plus âgé au plus jeune, est si intelligent… ils ont de longs cheveux et ressemblent à des princes. Les Chevaliers de l’Ordre de Malte de Rhodes visitaient régulièrement leur maison pour y admirer de magnifiques broderies ».
Les juifs de Rhodes sont également connus pour avoir été d’ardents défenseurs de la ville contre les turcs en 1480. Seulement 22 familles juives survécurent aux offensives turques contre l’île. Malgré la crainte des attaques turques, ils ont su rester fort et continuer leur vie. Au 16ème siècle, après une décision du conseil des Chevaliers, plusieurs juifs furent bannis de Rhodes. Plus tard, de nouvelles familles juives arrivèrent de Salonique, faisant de Rhodes, un important centre sépharade.
Grâce à la construction de plusieurs synagogues et écoles rabbiniques durant les quatre siècles suivants, et du commerce florissant, la communauté acquis un statut spécifique. Les riches commerçants de soies et de textiles coexistaient aves les armuriers, les artisans, les relieurs de livre et les tisserands. Ils vivaient tous à Rhodes, qui était un centre de commerce international, également connu pour le trafic d’argent, d’esclaves et la piraterie.
En 1888 fut lancé le programme pédagogique de l’école « Alliance Israelite Universelle » grâce aux dons d’Edmond Rothschild. L’école des garçons fut inaugurée en 1901 et celle de filles l’année suivante. L’école sera détruite par les bombardements de 1944.
Les juifs de Rhodes habitaient dans deux quartiers et avaient plusieurs synagogues. Chaque visiteur de passage sur l’île, mentionna leur dévotion religieuse.
En 1941, il y avait 2000 israélites à Rhodes et quatre synagogues. La synagogue « Shalom », à l’intersection des rues Dosiadou et Simiou, ainsi que l’ancien cimetière juif ont survécus à la seconde guerre mondiale. La synagogue “Shalom”, construite au 12ème siècle, fut détruite pendant la guerre entre les turcs et les templiers, puis reconstruite au 15ème siècle.
En 1944 ; les juifs de Rhodes et Cos furent arrêtés par les nazis, envoyés a Haidari (Pirée) puis déportés à Auschwitz. Pendant l’Holocauste, presque tous les juifs de Rhodes furent anéantis, seulement 150 survécurent. Aujourd’hui la communauté compte environ 35 personnes.
En juin 2002, fut inauguré, sur la Place des martyrs juifs, un Monument à la mémoire des juifs victimes de l’Holocauste.
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