Enfants juifs en habits traditionnels, avec leur professeur, à Samarcande entre 1909 et 1915.
« Cette histoire, dit I. Loeb, est presque partout la même : situation satisfaisante à l'origine, puis plus tard vexations, mauvais traitements, confiscations, pillages, expulsions.-»
En Europe
En Espagne et au Portugal
En Espagne, où les Juifs






L'administration des finances, la perception des impôts leur étaient confiées de préférence, sans souci du « pacte d'Omar » et des prescriptions canoniques. Plusieurs trésoriers (almoxarif) juifs furent renommés par leurs talents ou leur munificence; plusieurs aussi eurent une fin tragique. Citons seulement à Cordoue






Lorsque l'intolérance des Almoravides et surtout celle des Almohades (milieu du XIIesiècle) eut à peu près chassé les Juifs de l'Andalousie




L'affaiblissement des Maures dans la Péninsule détourne alors l'esprit de croisade vers de nouveaux objets : la papauté surveille activement les intérêts de la foi en Espagne; enfin, le réveil économique de la nation, la jalousie de la bourgeoisie ne furent pas étrangers aux mesures restrictives, sans cesse réclamées par les conciles






A partir de cette crise, le judaïsme espagnol, diminué de moitié, ne traîne plus qu'une existence languissante. L'attention se concentre sur les nouveaux chrétiens (conversos, anousim, marranes), très prospères et influents, mais qui pratiquent en cachette les rites juifs et conservent des relations occultes avec leurs anciens coreligionnaires. En 1480, l'Inquisition




Le Portugal




« Il ne nous reste donc plus, dit-il, qu'à partir ensemble. »En France
En France, au début de la dynastie capétienne



Avec l'éveil du fanatisme chrétien au XIe siècle, quelques faits de persécution, quelques baptêmes forcés se produisent à Orléans






Au XIIIe siècle, la situation légale des Juifs de France se précise, c.-à-d. s'aggrave. Ils deviennent incapables de posséder des immeubles ruraux; leurs meubles même, en théorie, appartiennent « au baron »; leurs contrats de prêt sont l'objet d'une surveillance minutieuse et donnent lieu à des droits fiscaux élevés. Chaque feudataire a ses Juifs qu'il pressure, vend, donne, hypothèque à sa guise; car le Juif, devenu serf ne peut plus quitter les terres de son seigneur, et ceux-ci s'engagent entre eux et avec le roi à s'extrader réciproquement leurs Juifs fugitifs; en revanche, ils gardent le droit de les exiler en masse et plusieurs font usage de ce droit (Bretagne, 1240; Anjou



Les Juifs furent rappelés cependant en France dès le règne suivant (1345), « de commune clameur du peuple »; mais ils ne revinrent qu'en petit nombre, pour un temps limité, et en vertu d'un contrat formel. Désormais, ils ne mènent plus qu'une existence précaire, sous l'incessante menace d'un nouvel arrêt d'exil. Décimés par les massacres qui accompagnèrent la croisade des Pastoureaux et la peste de Guyenne














En Angleterre
L'Angleterre saxonne n'avait renfermé qu'un petit nombre de Juifs; le judaïsme anglais est venu de France à la suite de Guillaume le Conquérant (1066); sa situation légale a été réglée par une charte de Henri Ier. Les Juifs anglais jouirent pendant un siècle d'une brillante prospérité, malgré l'élévation des impôts qu'ils payaient, - la taille des Juifs égalait tout le reste des contributions du royaume, - et la surveillance rigoureuse exercée sur leurs opérations commerciales par un échiquier spécial. La fameuse Chambre étoilée paraît devoir son nom aux contrats juifs (schtar) qui s'y trouvaient déposés.
L'opulence des Juifs anglais, leur propagande religieuse attirèrent sur eux l'inimitié du clergé et préparèrent leur perte. A l'avènement de Richard Coeur de Lion (1189), surtout après son départ pour la troisième croisade (1190), ils subirent une sanglante persécution à Londres



Les Juifs ne reparurent en Angleterre




En Italie
En Italie

















En Allemagne et en Suisse
Les Juifs en Allemagne



Les Juifs allemands (Askenazim) sont originaires les uns de Gaule, les autres d'Italie. Dès l'époque romaine, Cologne était un centre juif important. Au commencement du Moyen âge naquirent les communautés de Mayence




Dans l'empire carolingien

L'excès des charges fiscales provoqua, sous Rodolphe de Habsbourg, un commencement d'émigration des Juifs; on l'arrêta en emprisonnant leur grand rabbin, Méir de Rothenbourg. Dans la suite des temps, les droits fiscaux des empereurs furent usurpés par les princes territoriaux; Charles IV autorisa formellement (bulle d'or, 1355) les électeurs à « avoir des Juifs » en pleine propriété, et cette permission fut étendue à tous les détenteurs de droits régaliens (1577), et, par des concessions individuelles, à plusieurs villes libres; ailleurs, la « possession » des Juifs fut l'objet d'ignobles marchandages et de discussions continuelles. La dernière tentative de soumettre le judaïsme allemand à une organisation unitaire date des empereurs Maximilien et Charles-Quint; un pieux rabbin alsacien, Joselmann de Rosheim, eut alors le titre de gouverneur des juiveries de l'Empire et exerça quelque temps une influence bienfaisante.
Le pouvoir impérial était plus jaloux de percevoir les profits attachés à son protectorat que d'en remplir les devoirs. Quoique Henri III eût prononcé une peine sévère (perte des yeux et de la main droite) contre l'homicide d'un Juif, le gouvernement assista indifférent ou impuissant aux innombrables persécutions dont ils furent les victimes depuis la fin du XIe siècle (première croisade, 1096) jusqu'au milieu du XIVe siècle. Le sang coula à flots en 1146, lors de la deuxième croisade, en 1270, quand les Judenbreter dévastèrent les communautés d'Alsace, en 1298quand Rindfleisch saccagea celles de Franconie







A partir de la fin du XIVe siècle, le fanatisme religieux eut une moindre part dans la persécution que la jalousie économique, l'insatiable besoin d'argent chez les princes et les villes. La spoliation des Juifs ou la suppression de concurrents gênants sont le but, sinon le prétexte avoué des nombreuses expulsions locales qui se succèdent dans les Etats particuliers (archevêché de Mayence, 1420; Saxe,1432 ; Bavière, 1450 et 1555; Wurzbourg, 1453; Wurttemberg, 1551; Brandebourg,1573; Brunswick, 1590) et dans les villes libres (Ulm, 1380; Magdebourg, 1384; Strasbourg, 1388; Spire, 1434; Augsbourg


Là même où les Juifs restaient tolérés, ils étaient enfermés dans leursJudengassen, soumis au port d'un signe distinctif, écrasés par des règlements tyranniques et des contributions variées. Pour empêcher leur accroissement, le nombre annuel des mariages était strictement limité (15 par an à Francfort); mille entraves s'opposaient à leur circulation et à leur trafic : à l'entrée de chaque souveraineté - et l'on sait combien le nombre s'en était multiplié en Allemagne - on exigeait du Juif, vivant ou mort, un péage corporel (Leibzoll); pour voyager ou séjourner dans certains endroits, il leur fallait payer l'escorte d'un agent de police ou un sauf-conduit (Geleitzoll). Le règlement général des Juifs de la monarchieprussienne


L'histoire des Juifs de Suisse se rattache étroitement à celle des Juifs d'Allemagne : là aussi ils sont massacrés pendant la peste noire, et les expulsions locales se succèdent depuis la fin du XIIIe siècle (Berne



En Autriche et en Hongrie
Dans les divers pays appelés à former la monarchie austro-hongroise, l'histoire des Juifs présente de nombreux points de rapprochement, même avant la réunion de ces Etats sous une seule souveraineté. Les ducs d'Autriche furent autorisés à posséder des Juifs en propre dès l'an 1156. En Bohème, leur situation était alors favorable; il en était de même en Hongrie, où divers édits (privilège de Béla III, 1190, etc.) leur assuraient une pleine tolérance; les rois magyars prenaient des Juifs comme percepteurs, comme administrateurs du trésor (Comites camerae), des monnaies et des salines. A diverses reprises, la papauté intervint pour empêcher ces scandales; le royaume fut même, de ce fait, mis en interdit (1232); mais les rois, dès qu'ils n'avaient plus un pressant besoin du Saint-siège

Le XIVe et le XVe siècles furent une époque néfaste pour le judaïsme de ces régions. Pendant la peste noire, les Juifs furent expulsés de Hongrie (1350), pour être rappelés dès le règne suivant, mais désormais exclus des emplois publics et astreints à porter un capuchon distinctif. Ils furent massacrés à Prague






Au XVIe siècle, le groupement des Etats de la monarchie de Habsbourg est achevé, mais la Hongrie passe aux mains des Turcs, et les Juifs, qui font souvent cause commune avec eux, en sont punis lors du retour de la domination autrichienne : sous Marie-Thérèse, les Juifs de Hongrie payaient 80 000 florins d'impôt annuel. La situation matérielle et morale des Juifs d'Autriche fut relevée par les efforts de Mardochée Meisel, le premier millionnaire juif d'Allemagne (mort conseiller aulique en 1601) et de Lipmann Heller, rabbin de Vienne. Quelques Juifs viennois atteignirent une situation élevée sous le titre de Hofjuden et le gouvernement battit monnaie avec les privilèges qu'il leur accordait. Longtemps encore le judaïsme autrichien eut à souffrir des caprices d'une cour bigote et facile à circonvenir : en1670, les Juifs sont expulsés de Vienne sous prétexte d'intelligence avec les Turcs; en 1745, l'exil des Juifs de Bohème et de Moravie est prononcé au coeur de l'hiver; ils n'obtinrent leur rappel qu'avec peine et le nombre des familles fut désormais limité.
En Pologne et en Russie
Le judaïsme fait son apparition dans l'Europe du Nord-Est avec les Khazares,peuple turkmène établi entre la Volga et le Dnieper, dont le roi Boulan fut converti au judaïsme avec une partie de sa nation au VIIe siècle, probablement par des rabbins juifs chassés de l'empire byzantin. Les Khazares furent détruits en 970 par les Russes de Kiev



Pendant les deux siècles suivants, le nombre des Juifs de la Pologne et de ses annexes s'accrut considérablement par une immigration constante d'Allemagne, de Bohème, etc. Malgré les efforts des synodes et de quelques rois pour donner force de loi aux dispositions du droit canon, la situation des Juifs, protégés par la noblesse, reste très favorable. Dans ce pays de serfs et de magnats, ils suppléent en quelque sorte à l'absence d'une classe bourgeoise. Ils exploitent les terres des seigneurs, gèrent leurs biens, sont préposes à la rentrée des impôts, possèdent même des terres. La distillerie de l'alcool, le grand commerce, plusieurs métiers sont entre leurs mains; ils ne sont assujettis à aucun costume particulier, beaucoup portent l'épée. L'autonomie juridique est complète : les tribunaux rabbiniques forment une hiérarchie couronnée par une cour suprême (synode des quatre pays) qui se réunit deux fois l'an. L'étude du Talmud


Les Juifs de Pologne, dont la civilisation et la moralité ne s'élevaient pas au-dessus du niveau de la population environnante, avaient pour ennemis le clergé, les négociants allemands et surtout les cosaques de rite grec, opprimés par les nobles polonais, dont ils étaient les intendants en Ukraine et dans la Petite-Russie. Aussi lors de la révolte triomphante de l'hetman Chmielnicki (1648-56), les Juifs furent-ils enveloppés dans la ruine de leurs patrons catholigues : plus de 200 000 Juifs furent atrocement torturés, massacrés ou vendus comme esclaves chez les Turcs. Le judaïsme disparut de l'Ukraine; ailleurs il souffrit cruellement des guerres prolongées entre Russes, Suédois et Polonais. Au XVIIIe siècle, le judaïsme polonais appauvri rejette vers l'Occident des milliers de rabbins mendiants; des sectes mystiques



Aux Pays-Bas et dans les Etats scandinaves
Pour achever le tour du judaïsme européen, il ne nous reste qu'à mentionner les Juifs des Pays-Bas et leurs colonies. Au Moyen âge les Pays-Bas comptaient quelques communautés juives : celle de Bruxelles fut massacrée pendant la peste noire. Sous la domination espagnole, les Juifs furent exclus de ces contrées (1550) : ils ne reparurent en Belgique que sous le gouvernement autrichien (XVIIIe siècle); mais la Hollande, affranchie au XVIe siècle du joug espagnol et devenue l'asile de la liberté de conscience, offrit un refuge aux marranes espagnols et portugais






Hors d'Europe
Dans les pays musulmans
L'histoire des Juifs dans les pays musulmans est monotone et imparfaitement connue. Mohammed







Les Juifs ne doivent pas édifier de nouvelles synagogues


Ces dispositions canoniques n'ont pas toujours été observées avec une égale rigueur. Les Juifs de l'Irak (Babylonie



En Égypte




Au XVIIesiècle, Muley Archey se montra favorable aux Israélites. Quant aux deys d'Alger




Un dernier trait caractéristique de l'histoire des Juifs en pays musulman est l'apparition assez fréquente de faux messies; les plus célèbres sont David Alroï, en Iran


Autres pays : Inde, Chine, Amérique
Nous serons encore plus bref sur l'histoire, très fragmentaire, du judaïsme dans les pays non musulmans d'Asie et d'Afrique, en Amérique et en Océanie.
Les Juifs de l'Inde






L'existence des Juifs de Chine

L'origine des Juifs d'Ethiopie

En Amérique, les Juifs sont venus à la suite ou en compagnie des conquérants et des colons européens. On en a signalé quelques-uns dans les équipages deChristophe Colomb : quelques rêveurs s'imaginaient retrouver dans les indigènes d'Amérique les descendants des Dix-Tribus! Au XVIe siècle, d'assez nombreux marranes portugais




L'Australie a été ouverte aux Juifs par la colonisation anglaise. Dans quelques archipels océaniens; leur présence est plus ancienne et remonte à l'époque portugaise et hollandaise : déjà Jean II de Portugal déporta des Juifs dans les îles Mariannes. (Th. Reinach).
cosmovisions
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