AVERTISSEMENT

Amis lecteurs
Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

Les Juifs du Congo se souviennent

Moïse Tshombé, Président du Katanga,
dansant la Hora dans la salle Weizmann d'Elisabethville

Indépendance : Les Juifs du Congo se souviennent

Mardi 8 juin 2010 
Le Congo célèbre ce 30 juin 2010 le 50e anniversaire de son indépendance. Pendant la période coloniale, la petite communauté juive occupe une place à part. A la fois lucides et nostalgiques, les Juifs du Congo assument leur passé sans détour.
Comme l’écrivait Milantia Bourla-Errera dans sa biographie du rabbin Moïse Levy (Moïse Levy, un rabbin au Congo (1937-1991), Ed. La longue vue, Consistoire israélite de Belgique, 2000), de nombreux Juifs figuraient parmi les proches conseillers de Léopold II et les agents de son Etat indépendant du Congo (1885-1908). Associés aux débuts de l’entreprise coloniale, les Juifs ont tenu un rôle majeur dans l’histoire congolaise au 20esiècle, en particulier au Katanga, où l’ouverture des premières mines, la fondation d’Elisabethville (actuelle Lubumbashi) en 1910 et la création d’une liaison ferroviaire vers l’Afrique du Sud attirent des immigrants juifs, ashkénazes d’abord, puis en majorité sépharades. L’inauguration de la synagogue d’Elisabethville (1930) et l’arrivée du rabbin Moïse Levy (1937) marquent l’essor d’une communauté juive prospère en Afrique centrale. Souvent originaires de Rhodes, comme le rabbin Levy, ces immigrants forment un groupe social indispensable à l’économie coloniale. Nombre d’entre eux sont marchands itinérants. Ils vendent des produits indigènes, articles de traite, en gros et en détail.
Lors de son premier séjour au Katanga (1928-1934), le père de Moïse Rahmani, Victor, était « traveller » et plaçait les marchandises de ses patrons chez les commerçants installés loin d’Elisabethville. Directeur de l’Institut Sépharade Européen et passionné du Congo, Moïse Rahmani, auteur de Shalom Bwana (éd. Romillat, 2002) et de Juifs du Congo (éd. de l’Institut Sépharade Européen, 2007),note l’absence de véritables relations sociales entre Noirs et Européens avant l’Indépendance : « Chacun vivait à part, les Noirs dans la “cité”, la ville indigène, les Blancs dans la ville européenne. Le Noir qui se trouvait dans la ville européenne après 21h devait recevoir un document de son patron indiquant les raisons de sa présence ». Membre d’une famille juive de Rhodes, dont la destinée est étroitement liée à l’histoire du Congo, Solly Benatar se souvient avec nostalgie et ambivalence de son enfance à Elisabeth-ville dans les années 50 : « Elisabethville était un petit paradis ! Mais les Congolais ne pouvaient pas fréquenter les lieux de loisirs et de détente des Blancs, à l’exception d’une minorité de Noirs “évolués”, petits cadres et fonctionnaires bénéficiant de certains privilèges, mais peu acceptés des Blancs ».
La mode pour tous
A l’instar d’Erna Vamos, artiste juive hongroise, formée aux Arts décoratifs à Paris, les Juifs du Congo belge sont capables de porter un regard nuancé sur la société coloniale. Paradoxalement, l’œuvre d’Erna Vamos est ignorée des historiens de la peinture au Congo belge. « Engagé comme médecin par une société minière du Katanga en 1939, mon père est décédé peu après ma naissance », rappelle Elie Vamos, son fils. « Bloquée par la guerre à Elisabethville, ma mère a peint pour vivre, surtout des commandes : portraits de Blancs et d’Africains et natures mortes. Fascinée par le monde de ses modèles noirs, elle se passionna de musique et d’art et africains et elle apprit le swahili ». Ces portraits d’Africains étaient vendus à des Blancs, amateurs de couleur locale et d’exotisme. Erna photographiait ses œuvres achevées. Une de ces photos en noir en blanc reproduit le portrait d’une famille africaine dont l’homme porte veston et cravate, œuvre de commande peinte pour des « évolués » qu’elle représente. En 1959, Erna Vamos rejoint Elie à Bruxelles où il étudie la médecine et tente de vivre de sa peinture. Avec la fin de la colonie, son art réaliste à thèmes africains n’intéresse pas les Belges.
Selon Moïse Rahmani, les commerçants juifs ont contribué à l’émancipation des « indigènes », en les initiant aux produits manufacturés pour en faire des consommateurs à part entière. Ouverts en 1946, à Léopoldville, les magasins « Au Chic » des frères Hasson, « La Coupole » d’Henri Palacci, vendent à tous, Blancs et Noirs, et rompent ainsi la normalité de la société coloniale. Ils refusent toute discrimination raciale, au sein du personnel comme pour la clientèle. Qu’ils soient « évolués » ou « indigènes », les Congolais peuvent y découvrir la mode européenne, et s’y vêtir à l’égal des Blancs. On assiste aux premiers pas d’une réappropriation africaine de la mode occidentale d’où surgira, plus tard, l’univers culturel fascinant de « la sape » congolaise. Les pratiques commerciales des Juifs et leurs rapports quotidiens aux colonisés les distinguaient des autres Blancs. Moïse Rahmani souligne : « Les Congolais n’ont jamais assimilé le Juif aux Belges. Lors des événements de juillet 1960, aucun Juif ne fut, à ma connaissance, ni molesté ni humilié par la foule en colère ».
Santo Franco passe son enfance à Bujumbura, puis à Bukavu. Il quitte le Congo en juin 1957 pour poursuivre ses études à Bruxelles et souligne qu’à l’époque au Congo, on ne parlait pas d’indépendance, ni de politique : « Je suis arrivé en Belgique avec des idées racistes, un racisme “doux”, mais fondé sur la supériorité “naturelle” du Blanc. J’ai été donc fort surpris de rencontrer à l’ULB un petit groupe de premiers étudiants noirs du Congo ! Et puis, soudain est arrivée l’Indépendance ! Et le Congo a basculé dans une affreuse cacophonie ».
Un passé assumé
Avec les troubles qui suivent la proclamation de l’Indépendance et la sécession du Katanga de Moïse Tshombé, qui en deviendra le Président, les Juifs d’Elisabethville fuient, comme la plupart des Blancs. Beaucoup ne reviendront plus ou s’établissent à Léopoldville, où se développe la communauté juive du Congo après 1960. En 1962, le Président Kasavubu signe l’ordonnance instituant la communauté israélite de Léopoldville. Cependant, la zaïrianisation de Mobutu (1973) et les pillages de 1991 forceront la plupart des entrepreneurs juifs à quitter le pays auquel ces fils d’immigrants s’étaient tant attachés. Aujourd’hui, une petite communauté juive vit encore à Kinshasa. La synagogue Beit Yaacov y constitue le seul lieu de culte israélite en fonction au cœur de l’Afrique.
Loin de la mauvaise conscience des Belges qui, après avoir volontairement oublié l’histoire coloniale, semblent aujourd’hui se faire une gloire de l’auto-flagellation et de la diabolisation radicale du passé colonial, cette vision juive du Congo et de sa décolonisation reflète une réalité complexe et parfois ambivalente que de nombreux historiens ont souvent ignorée.
Pères juifs, enfants congolais
Les unions entre un « colonial » célibataire vivant seul en pleine brousse et une « ménagère » africaine, femme à tout faire, font partie des réalités coloniales. Mais les liens unissant de Juifs à leurs compagnes africaines contrastent avec les rapports inégaux qui régissaient le plus souvent ces unions interraciales. « La plupart des Juifs ayant eu, dans le courant des années 1920 et 1930, un enfant avec une Africaine l’ont reconnu, lui ont donné leur nom et ont pourvu à son éducation. Nissim Israël est le premier Blanc à épouser une Noire, en 1959, quand le mariage civil interracial est autorisé par les autorités », fait remarquer Moïse Rahmani.
Dans ses livres, Moïse Rahmani évoque les parcours étonnants de certains de ces enfants congolais nés de père juif, tel Léon (Lubicz) Kengo wa Dondo, président du Sénat, ancien Premier ministre et fils d’un médecin itinérant juif polonais et d’une Congolaise d’origine tutsi. En général, ces Congolais de père juif étaient éduqués par leur mère et scolarisés dans les missions chrétiennes. Néanmoins, ceux que Moïse a rencontrés au cours de ses recherches, affirment avec fierté leur origine juive. Ainsi, les frères Mulongo Finkelstein et toute leur parentèle... Moïse Katumbi Chapwe Soriano, petit-fils de Juifs de Rhodes et premier gouverneur élu du Katanga. Dans Juifs du Congo, Moïse relate l’enfance émouvante d’Hélène Esabu Gottselig, née à Bunia, dans la Province orientale. Ses grands-parents ont été gazés à Birkenau. Son père, Jacques Gottselig, médecin belge, est tué au Yémen lors d’un pogrom en 1948. Prises en charge par l’Etat belge qui assure leur scolarité après cet assassinat, Hélène et sa sœur seront abandonnées à leur sort par les autorités belges après l’Indépendance. Comme le rappelle Moïse Rahmani, Joseph Kasavubu, premier Président du Congo indépendant, était né d’un père chinois, ouvrier sur la ligne de chemin de fer Léopoldville-Matadi. Fait qui documente le rôle important des « métis » dans l’histoire congolaise. Une mémoire qui dérange tous ceux qui choisissent de diaboliser l’héritage colonial et refusent le dialogue honnête avec ce passé oublié.

Roland Baumann

Les Juifs du Japon


par le Dr Daniele GUEDJ




Comme en occident, les premiers juifs sont venus au Japon dans le but de commercer.
En occident, leur présence est très ancienne car ils suivaient les légions romaines.

Il y eu quelques incursions sporadiques de concert avec les marchands hollandais et portugais mais une réelle présence juive n’est notée qu’en 1861 avec l’ouverture du pays du soleil levant aux marchands étrangers.

Ils venaient d’Irak, de Syrie, du Yémen et d’Iran. La famille la plus connue étant la famille Sassoon aussi appelée les Rothschild de l’est.
Ils s’installèrent à Yokohama et à Nagasaki puis avec la guerre russo nippone, l’activité portuaire a diminué fortement et les juifs se sont transportés à Kobe où est née une communauté active sur le plan communautaire et religieux.




Vinrent ensuite les juifs fuyant la guerre civile en Russie ou les pogroms, de 1917 à 1920 ; ils passaient par la ville de Mandchourie : Harbin où beaucoup se sont installés.
La communauté de Kobe déjà bien structurée s’est mobilisée pour aider les nouveaux arrivés ainsi que l’américain Jacob Schiff de la banque Kuhn et Loeb qui leur a non seulement accordé une aide pécuniaire mais a aussi usé de son influence auprès des autorités japonaises afin qu’ils acceptent ces refugiés sur leur sol.




Une deuxième vague de refugiés est arrivée à la veille et au début de la seconde guerre mondiale. Il s’agissait surtout de juifs originaires de Russie et de Pologne dont la plupart avaient trouvé un refuge temporaire en Lithuanie.

En effet CHIUNE SUGIHARA, premier consul japonais en lithuanie, malgré les remontrances répétées de son gouvernement, a délivré 6.000 à 10.000 visas.
Il s’agit d’un jeune consul, ayant commencé pendant 2 ans une carrière calme à Helsinki et qui est nommé en novembre 1939 à Kovno en Lituanie (aujourd’hui Kaunas).
Or les japonais sont loin d’être individualistes et ont plutôt un esprit grégaire et ils n’ont pas pour habitude de désobéir aux ordres mais Sugihara, Juste du Monde, a agit par gentillesse et humanité et a ainsi sauvé de nombreuses vies humaines.
Avec l’aide de sa femme et tout en sachant pertinemment qu’il mettait en péril sa carrière et sa famille, il a accordé le plus de visas possible de l’ambassade, puis de l’hôtel après l’arrivée des russes et enfin du train l’emmenant avec sa famille à Prague où il est nommé du fait de l’annexion officielle de la Lituanie par les russes.
Il est rentré au Japon en 47, date à laquelle il est rayé des cadres du ministère des affaires étrangères. Il rentre donc dans la vie civile et trouve du travail dans une société d’import export à Moscou sans se plaindre et en bon japonais en acceptant son destin.
Il sera plus tard en 1985 nommé Juste des Nations, un an avant sa mort.
En effet, un diplomate israélien nommé au Japon en 1968, fait une enquête pour retrouver l’homme qui a permis sa survie en 1939 et lui obtient une citation au Yad Vashem et une bourse permettant à son plus jeune fils d’étudier à Jérusalem.
Il ne sera réhabilité au Japon même qu’en 1990 grâce à la publication d’un livre écrit après sa mort par sa femme Yukiko : Visa pour 6.000 vies
La famille a reçu les excuses officielles du pays du soleil levant, à titre posthume, il est de nouveau inscrit sur la liste des diplomates des affaires étrangères.
Chez nous, il est entré dans la légende au même titre qu’Oscar Schindler et que Raoul Wallenberg.
Le gouvernement israélien, sur l’initiative de Yehoshouah Nishri, le diplomate qui a retrouvé sa trace, a fait construire un monument à sa mémoire à Yaotsu, sa ville natale.
Et si vous rencontrez des touristes japonais qui vous demandent : vous savez qui est Chiune Sugighara ? vous pourrez répondre oui.
Pour revenir aux juifs de Lituanie qui ont ainsi été sauvées, ils recevaient outre ce visa de transit pour le Japon, un permis de s’installer à Curaçao, colonie hollandaise aux Caraibes, pour laquelle il n’était pas nécessaire d’avoir un visa mais l’aide du consul hollandais en Lituanie.
Ils ont emprunté le Transsibérien en passant par Moscou et en recevant l’aide financière du Joint..
Les japonais, malgré les accords avec l’Allemagne nazie leur ont permis de rester à Kobe puisqu’ils ont prolongé 4600 de ces visas. Les juifs qui étaient avant la guerre à Kobe ont pu y rester et les nouveaux ont été envoyés à Hongkew, partie japonaise de Shanghai. La population juive de Kobe a aidé financièrement ainsi que les juifs américains jusqu'à Pearl Harbour.

Il faut souligner que nous juifs avons toujours aidé nos refugiés afin qu’ils s’intègrent à une vie normale au contraire des palestiniens qui laissent pourrir la situation ….

Parmi les refugiés, il y avait la Yeshiva de Mir en son entier, 500 personnes comprenant les étudiants, les professeurs et leurs familles. Ces religieux priant, chantant et étudiant 18 heures par jour ont beaucoup impressionné les japonais qui les ont surnommés « les idéalistes sacrés ».
Shanghai où les juifs étaient libres jusqu’en 1942, mais sous l’impulsion des nazis, un ghetto a été créé. Ghetto où l’on mourrait de faim mais où l’on n’était pas maltraité.
Les japonais qui ont très mal traité les chinois pendant la guerre, ont évité cela aux Juifs afin de ne pas indisposer les américains.

Il faut aussi parler du plan Fugu « plan de développement de la Mandchourie par les Juifs ».
Le fugu étant un met délicat, poisson qui s’il est bien préparé est parait il délicieux, mais si sa préparation est mal menée, il peut être mortel du fait du poison qu’il contient.
Les japonais admiraient beaucoup les Juifs, enfin l’idée qu’ils s’en faisaient selon les précieux capitaux apportés par Jacob Schiff et aussi d’après le Protocole des Sages de Sion, pamphlet ultra antisémite mais montrant la capacité des juifs à faire des affaires et à conquérir le monde.
C’est la conclusion de la lecture des japonais du pamphlet.
Ils avaient donc l’intention de faire venir des juifs pour peupler et développer la Mandchourie qui était alors sous leur administration. Cette idée a vu le jour en 1930. Ils étaient intéressés par les Juifs des états unis pour leurs capitaux, les Juifs des pays orientaux pour leurs relations, les Juifs d’Allemagne pour leurs capacités scientifiques.
Il était même prévu l’envoi d’une délégation aux USA pour présenter aux rabbins américains les similarités entre le judaïsme et le shintoïsme.
Il y a eu de nombreuses discussions mais le plan est resté au niveau de projet d’autant que les refugiés qui sont arrivés par la suite étaient totalement démunis.
Pourquoi ce nom de fugu : car si les juifs étaient bien canalisés cela pouvait être une grande réussite mais le protocole de Sion le dit bien, nous risquons d’envahir le monde alors … attention


La communauté juive s’est enrichie de nouveaux membres avec les soldats américains basés au japon en particulier à Okinawa à la fin de la deuxième guerre mondiale et jusqu’en 1952, date à laquelle les américains ont rendu leur souveraineté au Japon.

Bien sûr à l’heure actuelle il faut compter aussi les délégations israéliennes, les juifs commerciaux d’Israël et du monde, les touristes qui viennent enrichir la communauté juive japonaise.

Il ya 2 synagogues à Tokyo, une orthodoxe et une reformée : la synagogue Beth David.
Je voudrais terminer en vous parlant de deux sectes japonaises

1) Beit Shalom Yapan
Communauté protestante japonaise forte de 10.000 âmes, parlant hébreu, ayant une chorale avec des chants hébreux et qui sont très proches sentimentalement du peuple juif.
Ils se trouvent à Kyoto et aident le peuple israélien par la prière pour la venue du messie, par des encouragements, des visites en Israël et par des bourses pour des étudiants israéliens afin qu’ils étudient à Jérusalem et non à l’étranger.


2) la secte Makuya
Forte de 6.0000 membres, chrétiens japonais qui croient que les japonais sont l’une des 10 tribus perdues d’Israël arrivée au Japon il y a 2.700 ans et d’après eux, il s’agirait de la tribu de Zebulon.
Après l’attaque de terroristes japonais à l’aéroport de Lod en 1972, certains membres de la secte sont venus présenter leurs excuses aux familles.
Les fidèles apprennent l’hébreu et font le pèlerinage à Jérusalem. Ils associent les rites juifs et japonais.

Il est vrai qu’il y a de nombreux mots en japonais dont l’origine n’est pas japonaise mais semble hébraïque.
Dabru : parler comme daber
Gai : étranger comme goi
Koru : avoir froid comme kor
Kensei : gouvernement japonais comme Knesset
Le premier roi du Japon s’appelait Osée comme le dernier roi d’Israël Hoshea
Samurai viendrait il de Samarie ?

A Nagano, il y a un grand Temple Shinto du nom de Suwa-Taisha où chaque année pendant 78 générations, s’est déroulé un festival relatant le sacrifice d’Isaac.
Ce Temple est situé près d’une montagne portant le nom de Morya, Morya-san.
Certains prêtres japonais nommés Yamabushi, portent sur le front au moment de la prière, une petite boite noire, ronde et non cubique mais reliée à un cordon noir comme les téfilin ou phylactères.
On peut trouver des analogies entre l’agencement du Temple de Jérusalem et le Temple Shinto.

Les japonais et les juifs sont tous les deux des peuples complexes, à la fois traditionnels, respectueux du passé et à la fois modernes, responsables de nombreuses innovations de notre époque.

Les Juifs de Marseille

Synagogue Breteuil

RÉTROSPECTIVE SUR L'HISTOIRE DES JUIFS DE MARSEILLE
L’arrivée des Juifs à Marseille : de la création de Massilia jusqu’au début du XVème siècle.

L’histoire des Juifs de la cité phocéenne remonte à la fin du VIème siècle avant l’ère chrétienne. Les premiers Juifs venaient d’Asie mineure, ramenés comme esclaves par les phocéens pour gérer les opérations commerciales. La preuve de l’existence des Juifs à cette époque est rapportée par la législation décrétée en leur faveur par les empereurs romains. Au VIème siècle, la population juive s’accroît fortement et au début du Moyen Age on compte un nombre important de Juifs à en juger d’après le nombre de vignobles et des champs qui composaient la « valle judaica » à la fin du Xème siècle.

En 1165, Benjamin de Tudèle, célèbre rabbin voyageur laisse une description de 300 familles juives divisées en deux communautés : l’une dans la partie haute de la ville possédant une ‘yéshivah’ et placée sous la juridiction de l’évêque ; et l’autre dans la partie basse possession du vicomte où se concentraient les marchands.

En 1257, les Juifs de Marseille furent dotés d’un statut leur assurant l’égalité des droits des citoyens. Cependant, il leur était interdit de travailler en public lors des fêtes chrétiennes. Des textes du XIIIème font référence à un cimetière situé dans la ville haute, sur le « mont Jusiou ». Au milieu du XIVème siècle, les Juifs se réunissent en une seule communauté qui compte de nombreux négociants, médecins et trois représentants élus pour organiser les écoles, les trois synagogues, l’hospice et le ‘mikveh’. A cette même période, David Crescas est à l’origine du savon de Marseille qui joua un rôle essentiel dans la prospérité économique de la ville.

Pendant le XIVème siècle, l’afflux des Juifs est relativement faible et la population reste stable jusqu’en 1351 ; date à laquelle les Juifs ayant fui les persécutions consécutives à l’épidémie de la peste noire vinrent se réfugier à Marseille. Les Juifs bénéficient alors d’un certain havre de paix bien que leur situation reste globalement précaire. Beaucoup d’entre eux gagnent tout juste de quoi subsister. On les retrouve pour une grande partie dans le travail du corail. Cependant leurs ressources sont relativement faibles.

LA PROVENCE DEVIENT FRANCAISE ET PREMIÈRES EXPLUSIONS

En 1481, la Provence est intégrée dans le royaume de France et la juiverie est attaquée ; les Juifs subissent alors pillages, destructions et assassinats. Une anecdote est rapportée selon laquelle une jeune femme juive aurait été agressée en pleine ‘juiverie’, enlevée et baptisée de force. Les Juifs tentent alors de s’enfuir mais le conseil Municipal leur interdit de partir. L’Inquisition et l’expulsion de 1492 poussèrent les Juifs d’Espagne à affréter des navires à destination de l’Italie ou de Constantinople mais beaucoup faisaient escale à Marseille.

En 1501, l’ordre d’expulsion des Juifs de Provence est proclamé sous la pression des chrétiens qui ne cessent de se plaindre de leurs concurrents juifs. Certains Juifs décident de rester mais au prix de leur conversion. Les Juifs chassés partent en Avignon et dans le Comtat où ils trouvent une terre plus accueillante.
Ce n’est que vers la moitié du XVIIème siècle qu’une nouvelle communauté se reforme à Marseille, mais elle n’a qu’une brève existence.

Des familles italiennes suivies par les Juifs du Pape, arrivent après la promulgation par Louis XIV en 1669 de l’édit qui accordait la franchise d’impôt au port de Marseille. Mais la présence des Juifs se heurte à une nouvelle hostilité et un nouvel ordre d’expulsion en 1682.

FIN DU XVIIIème À LA SECONDE GUERRE MONDIALE

Ce n’est qu’en 1778-1780 que les juifs du Comtat s’installent officiellement à Marseille. Peu de temps après, Louis XVI ordonne de laisser les juifs de la ville en paix. Les Juifs deviennent alors des citoyens à part entière. A cette époque on dénombre environ deux cent Juifs à Marseille, la plupart Séfarades d’Afrique du Nord, d’Italie et du Comtat. On compte également des Ashkénazes, le plus souvent des colporteurs qui faisaient partie des couches les plus pauvres de la population. Pendant longtemps ils bénéficient d’une tranquillité et d’une reconnaissance officielle leur permettant d’ouvrir une synagogue dans la paroisse Saint Martin (1 rue du Pont). Une communauté réunifiée voit le jour en 1804 avec la création d’une nouvelle synagogue rue Grignan et d’un cimetière.

Jusqu’au XXème siècle Marseille connaît une très forte migration de population car c’est une ville où il fait alors bon vivre. Cette tranquillité sera déstabilisée au moment de l’affaire Dreyfus avec une montée de l’antisémitisme,qui atteindra son apothéose pendant la seconde guerre mondiale avec la mise en place du régime de Vichy. Le quartier du vieux port est détruit par les nazis en 1943 et 7000 Juifs sont raflés et emmenés dans les camps.

Lire le tres beau dossier des Juifs de Marseille sur centrefleg

Les Juifs de Tahiti

Synagogue polynesie
Synagogue Tahiti

L'histoire de la communauté Juive de Tahiti commence avec la venue du Capitaine James Cook sur son navire l'Endeavour en 1769 avec à bord un certain Monsieur Jew qui va d'ailleurs décider de rester sur place. La légende raconte que le premier juif a résider sur place est Alexander Salmon (1822-1866), banquier français et fils du Grand Rabbin de Londres. Au cours de l'un de ses nombreux voyages dans les îles du Pacifique, Alexander Salmon tombe amoureux de la Princesse Arrioehau, une des membres de la famille royale de Tahiti. A cette époque, la loi tahitienne interdit à tout Polynésien de se marier avec un étranger. Pendant trois jours, la Reine Pomare IV suspend cette loi, par un arrêté royal, afin de laisser à Salmon le temps nécessaire d'obtenir le titre de « résident tahitien », lui permettant ainsi de se marier avec la Princesse. La fille d'Alexandre Salmon et de la Princesse Arrioehau sera la dernière reine de Tahiti. Avec l'arrivée des prêtres catholiques, la plupart des colons juifs dans les îles assimilés à la population locale ou converti au catholicisme. La majorité des juifs sur l'île de Tahiti sont des descendants d'Africains du Nord. La communauté juive premier a été créé dans les années 1960 avec l'arrivée des juifs algériens réfugiés. Après avoir été itinérante, la communauté a pris racine en 1993 avec la création d'un centre communautaire avec un mikvé et la construction rue Morenhout dans le quartier Fariipiti de Papeete, d'une synagogue qui porte le nom, « HaAva véHaHava ", qui signifie amour et fraternité. De magnifiques vitraux rappelant les solennités ont été réalisés par l'artiste Deanna de Marigny. Dans la salle de prières, l'Aron Hakodech, placé sur le mur Est et tourné bien sûr vers Jérusalem, contient trois Sefer Torah. L'un d'entre eux a été offert par la communauté juive égyptienne de Paris, l'autre par la communauté juive de Los Angeles. La synagogue, non consistoriale est de rite Séfarade orthodoxe.tahitiheritage


« Tahiti », la seule évocation de ce nom suffit à nous transporter dans un univers de rêve, dans un monde idéal où tout n’est que douceur et beauté.Mais Tahiti, c’est aussi une petite communauté juive traditionaliste, qui malgré l’éloignement a réussi à s’organiser, à pratiquer son judaïsme et à vivre en parfaite harmonie avec les autres tahitiens.

Bora Bora, lieu magique, surnommé la perle du Pacifique en raison de la beauté incomparable de son lagon de 78 Km2, offre un étonnant dégradé de saphir, de turquoise, d’indigo et de jade. Les îles Marquises, quant à elles, proposent un panorama inoubliable entre des reliefs volcaniques érodés, taillés de vallées profondes et fertiles, à la végétation exubérante, et un rivage sans récifs où des falaises escarpées plongent dans une mer sans lagon.
L’extraordinaire authenticité de ces îles tient surtout au charme de ses habitants et à l’atmosphère de sérénité. Les hommes portent souvent les noms de personnages de légende, et les femmes reçoivent des noms de fleurs. Ce n’est certainement pas un hasard si les premiers navigateurs européens comme l’Espagnol Alvaro Mendana de Neira, les Anglais Samuel Wallis et James Cook, ou encore le Français Louis Antoine de Bougainville aient pensé avoir atteint le PARADIS.
La destination est très prisée des touristes du monde entier en quête d’évasion et de dépaysement, accueillis à leur arrivée avec le traditionnel collier de fleurs, ou des jeunes couples en voyages de noces qui s’essayeront au " tamure ", la danse locale la plus connue. Ce Territoire d’Outre-Mer (T.O.M.) comprend 5 archipels : les îles de la Société, les îles Marquises, les atolls des Tuamotu, les îles Gambier et les îles Australes, soit quelques 4 000 Km2 de terres émergées pour un espace maritime d’environ 5 000 000 Km2.
Aujourd’hui, les 250 000 Polynésiens forment une population jeune et métissée dont les ancêtres sont originaires du Sud-Est asiatique. Les deux langues officielles sont le français et le reo maohi.

Une présence juive originale

Mais Tahiti, c’est aussi une petite communauté juive traditionaliste, qui malgré l’éloignement a réussi à s’organiser, à pratiquer son judaïsme et à vivre en parfaite harmonie avec les autres tahitiens.
L’histoire de la communauté Juive de Tahiti commence avec la venue du Capitaine James Cook sur son navire l’Endeavour en 1769 avec à bord un certain Monsieur Jew qui va d’ailleurs décider de rester sur place. La légende raconque que le premier juif a résider sur place est Alexander Salmon (1822-1866), banquier français et fils du Grand Rabbin de Londres. Au cours de l’un de ses nombreux voyages dans les îles du Pacifique, Alexander Salmon tombe amoureux de la Princesse Arrioehau, une des membres de la famille royale de Tahiti. A cette époque, la loi tahitienne interdit à tout Polynésien de se marier avec un étranger. Pendant trois jours, la Reine Pomare IV suspend cette loi, par un arrêté royal, afin de laisser à Salmon le temps nécessaire d’obtenir le titre de « résident tahitien », lui permettant ainsi de se marier avec la Princesse. La fille d’Alexandre Salmon et de la Princesse Arrioehau sera la dernière reine de Tahiti.
Parmi les plus importantes familles polynésiennes, certaines portent des noms comme Salmon, Ceran-Jerusalmy, Cowan ou Levy. Avec l’arrivée des prêtres catholiques, la plupart des juifs installées sur l’îles se sont assimilées à la population locale ou se sont convertis au catholicisme. La majorité de juifs sur l’île du Tahiti sont des descendants des Africains du nord.
La première communauté juive a été établie dans les années 60 avec l’arrivée des réfugiés juifs algériens. Le livre d’or de l’ACISPO, Association Cultuelle des Israélites et Sympathisants de Polynésie, a été ouvert en 1982 avec des témoignages écrits de familles installées depuis les années 60. La communauté est plutôt séfarade avec un noyau orthodoxe qui anime la synagogue. Aujourd’hui elle est constituée environ de 150 membres à Tahiti et une vingtaine de familles mixtes. Quelques juifs vivent isolés dans l’ensemble de la Polynésie.

La synagogue de Papeete : un joyaux au milieu des cocotiers

Après avoir été itinérante, la communauté a pris racine en 1993 avec la création de son centre communautaire avec un mikvé et la construction de sa synagogue qui se présente sous la forme d’un bâtiment, l’un des plus beaux de toutes les îles du Pacifique avec de magnifiques vitraux rappelant les solennités. Situé à Papeete, la capitale elle porte le nom, " HaAva véHaHava ", qui signifie amour et fraternité. Elle est difficile à trouver car elle n’est mentionné sur aucun guide touristique (pour vous y rendre vous devrez vous munir d’une bonne carte de la ville).
Dans la salle de prières, l’Aron Hakodech, placé sur le mur Est et tourné bien sur vers Jérusalem, contient trois Sefer Torah. L’un d’entre eux a été offert par la communauté juive égyptienne de Paris, l’autre par la communauté juive de Los Angeles. La synagogue, non consistoriale est de rite Séfarade orthodoxe. En fait cinq familles très religieuses dominent cette communauté, le reste des membres ne sont pas très pratiquant mais reste surtout attaché à une forme de vie culturelle et communautaire, avec un regard toujours tourné vers Israël. Du fait de l’éloignement, la communauté souffre de l’absence d’un rabbin officiel, d un guide spirituel. Il n’existe pas à d’animateur culturel ou de vie artistique.

Isolée du reste du monde, la communauté s’est organisée

Les offices sont organisés le chabat, les fêtes et très souvent en semaine (Lundi et Jeudi). Le mynian est certains jours difficilement atteint. Il existe un petit talmud Torah animé par Albert Bouhadana, professeur d’hébreu, qui fonctionne tous les dimanches. Une vingtaine d’enfants le fréquentent. Les Bar-mitsva sont rares en général 5 à 6 par an, de même que les circoncisions. Aucun mariage juif n’ a été célébré dans l’Ile depuis des années.
La communauté entretient des relations privilégiées avec les autres communautés de France, des Etats-Unis et surtout d’Israël. Plusieurs fois par an un rabbin vient des Etats-Unis pour enseigner le Talmud et pour instruire les enfants sur les coutumes juives. Les produits cachers arrivent régulièrement d’Australie par commandes groupées et sont en vente soit à la synagogue soit dans un supermarché de Papeete. Quelques autres produits sont distribués au centre communautaire à l’occasion des fêtes.
Le découpage horaire du monde a placé Tahiti juste avant la ligne de changement de date. Aux antipodes de Jérusalem (c’est à dire que depuis Jérusalem elle est la plus éloignée du monde), c’est ici que se termine la prière pour l’ensemble de la planète ce qui donne, à ce lieu une importance toute particulière.
Il y a des juifs au bout du Monde, dans ce jardin d’Eden, où comme l’a dit Jacques Brel « le temps s’immobilise ».judeocite

Les Juifs de Lituanie




                                                      synagogue en feu


Quand le Grand Duc veillait sur les Juifs


La Jérusalem du Nord, voilà comment Vilnius était désignée quelques années encore avant la Seconde Guerre mondiale. Puis, la tourmente a tout emporté : le plus grand foyer juif du monde avant la création d’Israël a-t-il disparu sans laisser de traces ? Voyons tout d’abord comment cette communauté s’est créée.

Religion et religions dans le Grand Duché de Lithuanie

La Lithuanie a longtemps été le dernier Etat païen d'Europe. Les mentions de la Lithuanie sont peu nombreuses avant le tournant du XIe siècle. C'est en 1009 que les annales de Quedlinburg rapportent que Saint Brunon et dix-huit de ses compagnons furent massacrés par les Lituaniens. C'est cette première mention qui servira de référence aux célébrations du millénaire du pays en 2009.

En réalité, les tribus lithuaniennes sont divisées à cette époque et s'allient sporadiquement pour faire face aux attaques russes venues de l'Est et du Sud, souvent avec succès. C'est au tournant du XIIIe siècle que les tribus s'unissent non plus seulement pour se défendre mais aussi pour gagner des terres à l'Est et lancer des raids sur les grands comptoirs commerciaux comme Novgorod ou Pskov.

Mindaugas réussit, dans le premier tiers du XIIIe siècle, à unir les forces lithuaniennes contre les Russes mais aussi contre les Chevaliers Teutoniques. Néanmoins, pour éviter la liaison des terres prussiennes et livoniennes (lettones et estoniennes) de l'Ordre et ôter tout prétexte aux attaques germaniques, il conclut une alliance avec les Livoniens en 1250, se convertit au catholicisme en 1251 et devient Grand Duc.

Cette conversion est en réalité largement tactique et superficielle : une fois chrétien, Mindaugas doit composer avec des révoltes nobiliaires et populaires. Il perd une partie de ses territoires au profit des Teutoniques et choisit donc de soutenir les tribus dans leurs attaques contre l'Ordre.
Il est tué par une coalition de ses vassaux en 1263 et le Duché est de nouveau dirigé par des Grands Ducs païens. Le duché est alors plusieurs fois ravagé par des raids de la Horde d'Or avant d'être réunifié et restauré par Gediminas (1316-1341).
De manière générale, la tolérance religieuse se développe alors dans le Duché. Pour lutter contre les raids des chevaliers, Gediminas garantit aux Dominicains et aux Franciscains un certain nombre de privilèges. Il reprend contact avec le Pape pour demander sa conversion, mais abandonne néanmoins le projet devant l'hostilité de ses sujets païens.

A la même époque, le Duché, par ses conquêtes orientales, aux dépens de la Rus kievienne, incorpore des régions christianisées de plus en plus nombreuses et le Grand Duc règne sur un Etat toujours plus composite.
En 1385, le Grand Duc Jagellon, ayant refusé la proposition russe de se convertir à l'orthodoxie, accepte finalement l'idée d'une conversion au catholicisme et prend la couronne de Pologne. La plupart de sa suite se convertit alors, comme ses frères.
Ses relations complexes avec son cousin Vytautas l'obligent à laisser à celui-ci le titre de Grand Duc et la gestion effective de la Lithuanie en échange d'une christianisation progressive du pays et d'un retour du Duché sous la domination directe de la Pologne après la mort de Vytautas.

Sous la protection du Grand Duc

Les historiens s'accordent à dire que la terre lithuanienne fut toujours plus tolérante que la Pologne sur le plan religieux. Le Grand Duc Gediminas (1316-1341) est le premier à lancer un appel aux étrangers pour développer son Etat : les Allemands et les Russes affluent pour profiter de l'exemption d'impôts de dix ans pour tous ceux qui s'installent à Vilnius, sa nouvelle capitale. Il est possible que les premiers Juifs arrivent à cette époque.

Les Karaïms, une communauté singulière
Ils furent implantés par Vytautas depuis leur Crimée d'origine. Juifs ne suivant pas le Talmud et la Torah orale, ils forment un groupe spécifique au sein du judaïsme. Ils ne seraient pas plus de 250 aujourd'hui en Lituanie
Il faut néanmoins noter que la provenance des Juifs du Grand Duché reste très débattue entre spécialistes car les indices sont peux nombreux. Les historiens évoquent plusieurs vecteurs de mobilité : Juifs arrivés avec les commerçants allemands et russes, Juifs khazars arrivés du Sud après la destruction de leur Empie par les Russes à la fin du Xe siècle ... Mais ils restent peu nombreux.
C'est au moment de la Grande Peste (1348-1351) que les premières grandes vagues de migrations juives atteignent la Lithuanie : les Juifs sont alors chassés d'Allemagne car ils se voient imputer la responsabilité de l'épidémie, selon un réflexe antisémite bien connu.

En 1388, le premier privilège en faveur des Juifs de Brest (en actuelle Biélorussie) est accordé par Vytautas, alors Duc de Grodno. Ce privilège est étendu au fur et à mesure que grandit l'autorité de Vytautas sur le Duché (il devient officiellement Grand Duc en 1392). Les Juifs sont alors placés sous la protection directe du duc, comme les nobles. Ils acquièrent une autonomie complète pour la gestion de leurs affaires communautaires et versent un impôt forfaitaire pour la communauté. Ils peuvent commercer toutes les marchandises (y compris le blé et le pain), se déplacer librement et posséder des terres (ce qui est interdit aux Polonais dans le Grand Duché). Les Juifs ne peuvent être jugés que par un « juge des Juifs » dépendant de l'autorité du Grand Duc.

Il semble que les Juifs aient été 6000 à vivre dans le Grand Duché dès le règne de Vytautas. Malgré des difficultés de cohabitation avec les nobles et le clergé polonais, les Juifs profitent largement de la protection ducale et leurs conditions de vie s'avèrent bien plus favorables qu'en Pologne ou dans les autres Etats médiévaux d'Europe centrale et orientale. Une preuve en est la croissance continue de la communauté juive qui atteint les 157 000 âmes en 1766 !

Vilnius, nouvelle capitale du Yiddishland

Dans un premier temps, les communautés juives se concentrent surtout hors du territoire de la Lithuanie ethnique, sur le territoire de l'actuelle Biélorussie, dans des villes de taille moyenne pour échapper aux puissantes guildes des marchands.

A partir du XVIe siècle, alors que la Pologne adopte une législation de plus en plus discriminatoire pour les Juifs, tout se passe comme si cette dernière n'avait pas d'application effective sur le territoire du Grand Duché. Une première synagogue est construite à Vilnius en 1573 et elle sera transformée en Grande Synagogue en 1630.

Néanmoins, l'extinction de la dynastie des Jagellon avec Sigismond Auguste en 1572 marque un tournant pour les Juifs du Grand Duché : les nouveaux rois élus sont beaucoup plus soumis aux volontés des nobles et de l'Eglise catholique et peuvent moins facilement protéger les Juifs. Les volontés des souverains se heurtent au pouvoir de la Diète et à une application plus uniforme du droit commun sur les deux territoires de la Rzeczpospolita.

Par ailleurs, la tourmente des guerres polono-russes et polono-suédoises, ainsi que le démantèlement progressif du royaume à la faveur de ses voisins, mirent à mal toutes les tentatives de revenir au statut antérieur des Juifs.

Si bien qu'au moment de la disparition définitive du Royaume polono-lithuanien, la situation des Juifs s'est plutôt détériorée. La communauté s'est néanmoins développée au point de connaître une densité jamais égalée en Europe : plus de 40% des habitants des villes sont Juifs. C'est ici qu'est né un territoire dans le territoire, une communauté qui va irriguer les autres : la Litvakie.


 Le Gaon, le sionisme et le Bund, la passion des idées




La Litvakie a été, au moment où disparaissait le Grand-duché de Lithuanie, marquée par l'émergence de grandes figures intellectuelles, comme le Gaon de Vilnius. C'est dans ce terreau multiculturel que se sont développés deux grands mouvements qui ont marqué le siècle : le sionisme et le Bund.

La ban-lieue d'un Empire : essais de géographie

Avec les partages de la Pologne, le Grand-duché de Lithuanie est entré tout entier dans le giron russe. Ces territoires cosmopolites n'ont pourtant pas perdu leur originalité au sein de l'Empire des Tsars.

Comme le souligne Claire Lefoll, il est très compliqué de définir précisément le territoire de la Litvakie qui occupait une bonne partie de la Biélorussie actuelle, de la Lituanie et dans une moindre mesure de l'Ukraine et de la Pologne. Néanmoins, les historiens semblent s'accorder sur une dimension d'environ 250 000 km2 et une population de presque un million et demi de Juifs (10% de la population totale).

Catherine II (1729-1796) profita des partages pour assigner aux Juifs de Russie des « zones de cantonnement », spécialement dans les régions de l'ancien Grand-duché. Ces mesures renforcèrent le caractère juif de ces districts. Par ailleurs, les Juifs commencèrent à se concentrer dans certaines grandes villes à cause de règlements leur interdisant à la fois les campagnes et les bourgs, ainsi que certaines grandes villes comme Kiev.

Ainsi, la Litvakie devint peu à peu une « banlieue juive de la Russie », ce qui n'empêcha pas le développement d'une intense vie intellectuelle et culturelle pour les Juifs de Litvakie. Au sein de ces territoires, les Biélorusses étaient largement majoritaires. On y trouvait aussi un nombre important de Polonais, de sorte que les Baltes étaient largement minoritaires.
Par ailleurs, le nombre des Juifs ne cessa d'augmenter : ainsi, Yves Plasseraud rapporte qu'ils auraient été plus de 350 000 dans le « gouvernement du Nord-Ouest » en 1897, c'est-à-dire presque 40% de la population urbaine !

Le Gaon de Vilnius, figue emblématique du renouveau intellectuel litvake

Elyahou ben Shlomo Zalman Kramer (1720-1797) fut l'une des plus grandes figures intellectuelles juives de son siècle. Né au sein de la communauté juive de Vilnius, il fit très tôt preuve d'une mémoire inouïe et d'une grande précocité intellectuelle. Dès l'âge de 10 ans, il poursuivit son enseignement talmudique sans précepteur et, à 20 ans, recevait la visite de rabbins bien plus âgés que lui pour trancher des questions liées à la Kabbale.

Prisé pour ses inspirations dans les sciences comme l'astronomie, il fut le principal opposant du hassidisme, un mouvement né à l'autre bout de la Litvakie, en Ukraine, et qui faisait une grande place au domaine des sentiments à travers la mise à l'honneur des célébrations, des danses, des chants. Le Gaon, lui, privilégiait une étude des textes qui faisait place à la critique rationnelle et aux sciences profanes comme la géographie, l'astronomie ou les mathématiques. Pour lutter contre le développement du hassidisme, le Gaon voulut rendre plus démocratique l'étude de la Torah, héritage qui joua un rôle ensuite dans le développement du sionisme.

Sa postérité exceptionnelle dans de nombreux domaines, ainsi que la transmission de ses méthodes d'études des textes sacrés ont contribué à la renommée de Vilnius comme l'un des centres les plus actifs du judaïsme moderne. C'est pour cela que lui fut attribué le titre de « Gaon », c'est-à-dire « génie » et directeur d'une école talmudique, titre disparu depuis l'époque de Babylone (VIe siècle avant JC). Il mourut quelques années après le dernier partage de la Pologne mais son héritage irrigua toute la pensée litvake et juive du siècle suivant.

Le yiddish pour patrie

Ce qui rapproche tous les Juifs de Litvakie, c'est l'utilisation quotidienne de la langue yiddish, dans plusieurs variantes qui singularisaient des zones au sein de la Litvakie : il faut ainsi distinguer un yiddish lituanien et des variantes ukrainiennes ou biélorusses.

Néanmoins, cette langue a été le vecteur d'une véritable renaissance culturelle dans la communauté juive, en parallèle avec l'hébreu et les langues locales comme le lituanien, le russe ou le biélorusse. Il faut néanmoins noter que les Juifs avaient tendance à parler russe plutôt que lituanien ou polonais.

L'imprimerie de Vilnius est alors la seule autorisée à imprimer en yiddish dans l'Empire russe, ce qui contribue au rayonnement de cette ville comme capitale du Yiddishland. Les livres litvakes de Vilnius sont alors exportés dans le monde entier, tout comme l'édition du Talmud publiée en 1854 par l'imprimerie Romm. Les institutions communautaires rythment la vie quotidienne des habitants : tribunal ou hôpitaux, elles permettent à la communauté de se développer dans une relative sérénité.

Pourtant, cette quiétude des Juifs de Russie est troublée par les pogroms qui se multiplient à la fin du siècle, de 1881 à 1917. On a pris l'habitude de les appeler ainsi à la suite des violences qui eurent lieu entre 1881 et 1883 qui suivirent, en Ukraine et au Sud de la Russie, l'assassinat du Tsar Alexandre II. Explosions non préméditées de violences envers les populations juives de l'Empire, elles sont souvent le fait de Cosaques encouragés en sous-main par certains ministres pétersbourgeois. Il faut dire que la relative réussite des Juifs dans les grandes villes de la zone de cantonnement n'était pas sans susciter la jalousie d'une partie des populations locales.

Un goût pour l'eschatologie : foyers du sionisme et du socialisme

A la même époque se développèrent en Litvakie un certain nombre d'idéologies à dimension eschatologique pour échapper à l'hostilité ambiante : le départ, à travers le sionisme d'une part et le dépassement dans un avenir bouleversé qui ne connaîtrait plus aucune distinction, le socialisme d'autre part.

Un foyer pour un autre foyer : la naissance du sionisme

Le Gaon de Vilnius fut le premier à prescrire à ses fidèles un retour en Terre sainte, ce qu'ils firent en 1808. Cet événement fondateur n'est pas le seul à avoir eu un impact décisif sur le développement du sionisme en Lituanie. En effet, le mouvement sioniste est né près d'Odessa en actuelle Ukraine, mais il trouva un terreau favorable en Lituanie pour plusieurs raisons.
La première tient à l'enseignement du Gaon : par ses commentaires ouverts aux sciences profanes, sa tradition a permis un rapide développement de l'Haskala, un mouvement juif très influencé par les Lumières. Une seconde est liée à la faiblesse du hassidisme dans la région.
Contrairement à l'Europe de l'Ouest où l'Haskala conduisit un mouvement d'intégration dans les sociétés nationales, à l'Est elle renforça l'esprit communautaire en développant une véritable culture populaire. Celle-ci fut notamment entretenue par les multiples publications en hébreu et en yiddish.
C'est dans ce contexte que les pogroms de 1881 en Ukraine donnèrent naissance aux sociétés des « Amants de Sion ». Bien que la Lituanie fut relativement épargnée, on y vit l'alliance d'une intelligentsia juive russifiée et issue de l'Haskala avec un certain nombre de religieux orthodoxes unis dans l'idée d'un retour en Terre sainte.
L'opposition de la majorité des rabbins orthodoxes traditionnels freina le développement du mouvement (500 « amants de Sion » à Vilnius au début des années 1880) mais n'empêcha pas de créer un milieu très favorable à la seconde génération de sionistes, menés par Théodore Herzl.

Malgré les dissensions au sein de la communauté entre partisans du Bund, folkistes et sionistes, ce dernier lui-même parcouru par des tensions, le mouvement de retour vers la Terre sainte gagna peu à peu en influence et apporta une contribution décisive à la création de l'Etat d'Israël à travers des figures comme Hermann Schapira, Chaïm Weizmann et David Ben Gourion.

Au final, le nombre de départs effectifs vers la Palestine fut faible (environ 6000 personnes) mais il fut en pourcentage le plus important d'Europe : 9 fois plus que pour la communauté de Hongrie, qui était trois fois plus importante !

Pour une autre eschatologie : le Bund et le développement du socialisme


A la même époque, un autre mouvement s'enracina dans la communauté juive de Litvakie, le socialisme. En effet, le caractère urbain des Litvaks tout comme le décollage des industries tsaristes à la fin du XIXe siècle permirent aux thèses marxistes de trouver un accueil favorable auprès des ouvriers de la région.

La création d'industries lourdes en Ukraine méridionale ainsi que le développement de lignes de chemins de fer Nord-Sud et Est-Ouest connectant Moscou et Saint-Petersbourg à Varsovie et Berlin mirent Vilnius au cœur d'un réseau d'échanges sans cesse grandissant. Les ateliers de la ville se transformèrent en petites manufactures, surtout textiles qui employèrent un prolétariat toujours plus nombreux.
Les conditions de travail se dégradèrent rapidement et les institutions religieuses réunissant patrons et employés remplirent de moins en moins bien leur rôle de lien social. Dans ces conditions et auprès d'une population marquée par l'enseignement du Gaon de Vilnius puis par l'Haskala, le marxisme trouva un écho très favorable.
Les premières grèves eurent lieu à Bialytosk dans les années 1870 avant que les cercles marxistes fassent leur apparition entre 1875 et 1895, tout comme les caisses de solidarité.

Finalement, le mouvement se développa par les deux vecteurs qu'étaient le russe parlé par les élites mais surtout le yiddish pour aboutir en 1897 à la création du Der Yiddisher Arbeter Bundou plus simplement, le Bund.
Ce dernier joua un rôle décisif dans l'histoire pré-révolutionnaire de la Russie grâce à plusieurs dizaines de milliers d'adhérents mais ne trouva jamais d'appui ni chez les Bolcheviks qui lui reprochaient son penchant fédéraliste ni chez les Mencheviks qui refusaient l'idée d'une nation non territoriale pour les Juifs.
Il disparut finalement, après maintes péripéties et la victoire des Bolcheviks, d'abord en URSS sur les terres biélorusses. Son affaiblissement en Lituanie et en Pologne, ainsi que l'extermination des Juifs, ne lui laisseront pas plus de chances.

Peu avant la révolution de 1917, aucune des grandes idéologies qui se sont développées au sein du peuple litvak n'a réussi à prendre le dessus, pourtant, la situation des Juifs ne s'est pas réellement améliorée. Foyer intellectuel extraordinairement prolifique, la Litvakie sera finalement divisée par la Première Guerre mondiale.


Le crépuscule d'une civilisation



Avec la fin de la Première Guerre mondiale, la Litvakie se trouve divisée entre la Lettonie, la Lituanie, l'URSS et la Pologne. Cette division marque une rupture dans l'histoire litvake alors que s'amoncèlent déjà les nuages noirs d'une vie toujours plus dure.

Vilnius polonaise

Après l'échec du rêve allemand de voir un royaume lituanien s'instaurer sous la couronne d'un prince germanique catholique, un gouvernement provisoire entra en fonction à Vilnius en 1918 et travailla à la rédaction d'une Constitution provisoire pour une Lituanie indépendante.
Néanmoins, les troupes bolchéviques ne restèrent pas inactives et occupèrent la ville, déclarant la naissance d'une république bolchevique le 16 décembre 1918. Il fut même question de reconstituer un Etat sur le territoire de l'ancien Grand-duché par une fusion avec la Biélorussie en 1919.
Finalement, la victoire des troupes lituaniennes entraîna la signature d'un traité de paix entre la Lituanie et l'URSS en 1920, traité qui attribua Vilnius à la Lituanie.

La frontière entre la Pologne et la Lituanie n'était toujours pas définitive et après de dures négociations, il fut décidé que Vilnius reste lituanienne. Deux jours après la signature du traité le 7 octobre 1920, le général polonais Zeligovski, occupa la ville par surprise. Les Polonais proposèrent alors de créer une « Lituanie centrale » composée environ de 500 000 habitants et qui pourrait entrer en fédération avec la Biélorussie et être intégrée à terme par la Pologne. Cette solution, repoussée absolument par les Lituaniens, n'était pas en faveur à l'Ouest où l'idée d'une autodétermination sous la tutelle de la SDN faisait son chemin.
Finalement, les Polonais décidèrent d'organiser des élections municipales auxquelles les minorités lituaniennes, juives et biélorusses refusèrent de participer. La majorité polonaise décida donc d'un rattachement à la Pologne.

C'est ainsi que pendant l'Entre-deux-guerres, Vilnius - devenue Wilno - fut coupée de la Lituanie qui prit Kaunas comme capitale provisoire, ce qui suscita une rancœur historique entre les deux pays.



Sous la protection de Pilsudski

Dans un premier temps, la vie des Juifs de Vilnius fut compliquée par le refus qui était fait à beaucoup d'obtenir la citoyenneté polonaise. En effet, il était demandé pour cela de justifier d'au moins cinq années de résidence dans sa commune et d'une inscription sur les registres de recensement. Or, ces derniers avaient largement disparu dans les ravages de la guerre et les mouvements de populations complexifiaient encore la situation des Juifs.

En 1926, les exigences administratives furent assouplies en parallèle d'une politique de polonisation de la population. Celle-ci s'incarna par exemple dans l'obligation de l'utilisation de la langue polonaise dans les écoles communautaires pour obtenir des subsides.
Malgré une montée de l'antisémitisme dans des groupuscules d'extrême-droite, la prise de pouvoir par le général Pilsudski installa au pouvoir un partisan de la protection des minorités et particulièrement des Juifs.
Il faut dire que le climat économique avait tendance à se dégrader. Dans cette conjoncture, la situation de Wilno était encore plus difficile : la ville avait été totalement coupée de son arrière-pays. D'un côté et de l'autre d'un corridor vers la Lettonie, les Lituaniens et les Russes ont rompu leurs relations avec la Pologne. La ville qui avait bâti sa fortune sur son rôle de carrefour se voit donc vite marginalisée dans les échanges.
Les métiers de la petite manufacture et du textile furent les premiers touchés et l'appauvrissement généralisé toucha gravement les Juifs de la ville. C'est ainsi que selon Henri Minczeles, plus de 40% d'entre eux devaient faire appel à des sociétés de secours pour fêter la Pâque dans la dignité !

La crise de 1929 ne fit qu'aggraver la situation et pousser les groupuscules d'extrême-droite à s'en prendre aux Juifs. Ils prirent l'habitude, par exemple, de stationner devant les magazins juifs pour empêcher les non-juifs d'y acheter.

De manière générale, ces actions furent condamnées par le général Pilsudki qui tenta de faire rempart contre cette montée de l'antisémitisme. Néanmoins, avec sa disparition en 1935, des mesures de mise à l'écart devinrent de plus en plus systématiques comme des interdictions de servir dans les administrations, des entraves au crédit ou à l'accès aux marchés et aux foires. Le régime des colonels (1935-1939) instauré après le régime autoritaire de Pilsudski fut en effet beaucoup plus prompt à céder aux pressions des milieux ultra-nationalistes.

Une culture toujours vivante malgré les nuages qui s'amoncellent 

Pourtant la culture resta très vivante même dans ces périodes difficiles et la langue yiddish continua à gagner ses lettres de noblesse : de 1930 à 1939 plus de 200 livres dans cette langue furent publiés par les cinq maisons d'édition de la ville, ainsi que cinq quotidiens et une vingtaine de périodiques.
La vie communautaire continua de se développer et la ville apparaissait toujours comme l'un des phares de la culture juive mondiale. De nombreux écrivains, professeurs et intellectuels y faisaient un voyage au moins une fois dans leur carrière.

Au fur et à mesure des années, cette culture survécut avec de plus en plus de difficultés, car les « attaques » contre la communauté se faisaient plus régulières. Par ailleurs, la censure tatillonne du régime des colonels tendait à minimiser ces évènements.

L'ouragan 


En septembre 1939, l'Allemagne nazie envahit la Pologne. Au même moment et en vertu du Pacte Molotov-Ribbentrop, l'URSS impose des accords d'assistances mutuelles aux pays Baltes. En échange de la possibilité d'installer ses troupes sur le territoire lituanien, elle négocie le 10 octobre 1939, avec le ministre des Affaires étrangères Urbsys le retour de Wilno à la Lituanie. Le 28 octobre, les troupes lituaniennes prennent possession d'une ville dans laquelle s'amoncellent des réfugiés venus de la Pologne occupée par les Nazis et tentant de fuir une fin certaine. Quelques-uns parmi ces réfugiés ne s'arrêteront pas là et partiront plus à l'Est vers l'Asie centrale (et notamment vers Tachkent), voire jusqu'à Shanghaï !

Les autorités lituaniennes adoptèrent une politique assez libérale envers les Juifs. Les institutions juives purent fonctionner avec une autonomie, un maire adjoint juif fut accepté et les écoles rouvrirent leurs portes.
La ville restait relativement calme et ses Juifs n'étaient pas loin de penser qu'elle constituait un havre de paix quand ils se souvenaient de la politique des colonels et encore plus de ce qu'ils entendaient de la Pologne occupée par Berlin.

Le 15 juin, les autorités soviétiques lancent un ultimatum à Tallinn, Riga et Vilnius et occupent ces pays le lendemain. Selon Yves Plasseraud, les autorités soviétiques s'appuyèrent alors largement sur les communistes locaux pour administrer les nouvelles républiques soviétiques. Or, parmi ces administrateurs locaux, on aurait dénombré plus de 15% de Juifs, ce qui aggrava l'animosité des Baltes envers ceux-ci. Pourtant, les Juifs ne sont pas épargnés par les déportations (6000 sur 30 000 au total) : tous les responsables des institutions religieuses sont déportés vers de lointaines destinations soviétiques et ces institutions sont fermées. De plus, les nationalisations massives les privent de leurs outils de production.

Le 22 juin 1941, l'attaque nazie contre l'URSS se déclare. Les obus frappent Kaunas et Vilnius, redevenue capitale de la Lituanie. Certains tentent d'organiser des soulèvements anti-soviétiques pour mettre les nazis devant le fait accompli. En réalité, cet activisme est organisé depuis Berlin par le Front activiste lituanien (FAL), animé par l'ancien ambassadeur lituanien près Berlin, K. Skirpa. Il faut noter que les mots d'ordres de cette organisation constituaient de véritables appels aux meurtres antisémites.
Plusieurs milliers de réfugiés tentent de partir pour l'Est. En réalité, les communistes et les membres de l'administration soviétique sont privilégiés sur les autres réfugiés. A l'été 1941, on estime que 15000 Juifs ont pu trouver refuge en URSS.

Avant même l'arrivée des Nazis, de nombreux massacres « spontanés » eurent lieu un peu partout dans le pays et en particulier à Kaunas. Comme le rappelle Plasseraud, cette folie ne fit que redoubler avec l'arrivée des Allemands. Elle fut d'ailleurs en partie mise en scène par les services secrets nazis. « Ainsi à Kaunas, le service de sécurité du Reich (le Sicherheitsdienst ou SD) organisa un détachement de « patriotes » de 300 hommes sous la responsabilité de l'ancien journaliste Jonas Kimaitis. Cette formation, dûment cornaquée par le SD, se livra à plusieurs pogroms comme celui de la nuit du 25-26 juin 1941 qui fit quelques 1500 victimes. »

Entre le 11 juillet et la fin août, des massacres de grande ampleur eurent lieu, avant même l'installation du ghetto. Selon Mincseles, au cours de cette période 35 000 Juifs furent conduits à Ponerai, un petit village forestier où ils furent exterminés par les Einsatzkommando. Par la suite, deux ghettos furent installés à Vilnius où furent regroupés tous les habitants juifs de la ville.
Il paraît incroyable qu'une vie communautaire ait pu continuer dans ces conditions, mais il apparaît bien que ce fut le cas. Des écoles, notamment, s'ouvrirent dans le ghetto. Il faut dire que celui-ci vivait au rythme des rafles mais connu une certaine stabilité entre 1941 et 1943 en raison des besoins nazis en main d'œuvre.

Par ailleurs, une résistance au sein du ghetto mêlant sionistes et communistes s'organisa et réalisa quelques coups d'éclats. A l'extérieur, de très nombreux Juifs rejoinrent les partisans dans les marais biélorusses.

La disparition d'une civilisation

C'est au printemps et en août 1943 que les Nazis décidèrent de la liquidation des ghettos de Kaunas puis de Vilnius. Les Juifs survivants furent exterminés puis enterrés dans des fosses des forêts environnantes avant que les Nazis ne tentent de brûler les 70 000 corps devant l'avancée soviétique. Le bûché brûla plus d'une semaine.

Lorsque le général Tchernykhovski entra dans Vilnius le 12 juillet 1944, il restait environ 6000 Juifs dans la ville, ses alentours et les forêts avoisinantes. 600 avaient survécu à la destruction du ghetto.
Paradoxalement, ce furent les Soviétiques qui donnèrent le dernier coup de gomme aux restes de la civilisation litvake : les chars rasèrent tout ce qui n'avait été qu'à moitié détruit, notamment la Grande Synagogue de Vilnius. Les pierres de la Jérusalem de Lituanie servirent à la construction de logements soviétiques pour les classes moyennes.

La communauté juive, avec à peine 14 000 membres dans les années d'après-guerre, ne se remit jamais de cette catastrophe. Les idéologues soviétiques voyaient d'un très mauvais œil toute tentative de renaissance communautaire et ont préféré une « folklorisation » inoffensive des fêtes restantes. Une seule synagogue continua son activité dans la ville, et elle fut parfois bien en peine de trouver le quorum de 10 hommes pour célébrer ses rites.

Que reste-t-il du Yiddishland ?
La question reste posée. Les survivants sont bien en mal de retrouver aujourd'hui dans une Vilnius colorée de ses magnifiques restaurations les rues de leur enfance. La plupart des Juifs restant sur place pensent vivre le crépuscule de leur civilisation alors que tant d'entre eux ont choisi de partir pour Israël.


la communauté est très dynamique



Au terme de notre cycle litvak, nous avons choisi de donner la parole à un fin connaisseur de la communauté juive de Lituanie, Yves Plasseraud. Il revient pour nous sur la place des Juifs dans la ville du Gaon.

Quel état des lieux feriez-vous de la communauté juive en Lituanie ?

Tout d’abord, il convient de dire que les chiffres divergent. Officiellement, il y aurait environ 4000 juifs en Lituanie aujourd’hui. Cette réalité est très mouvante : certains Lituaniens redécouvrent leurs racines juives, d’autres partent vivre en Israël. La communauté est, par ailleurs, renforcée par des arrivées de Juifs de Russie qui viennent s’installer en Lituanie par attachement familial mais aussi par proximité géographique. Ces derniers sont d’autant mieux reçus qu’il subsiste une vraie russophilie chez les Juifs de Lituanie.
Malgré les vicissitudes de l’histoire, cette nostalgie russe mêle à la fois l’image d’une Russie éternelle où il faisait bon vivre – en oubliant que la vie dans le Grand Duché de Lituanie leur avait été encore plus aisée – et d’une Union soviétique où l’idéal de la fraternité entre les peuples marque encore les esprits.

Au-delà des chiffres, il faut souligner que la communauté est très vivante. Elle s’organise selon deux modes.
D’une part, les Juifs de Lituanie vivent dans un univers très cosmopolite : ils voyagent beaucoup et participent activement au maintien de leur particularisme litvak au sein de la communauté internationale.
D’autre part, la vie communautaire a retrouvé un second souffle avec l’indépendance du pays. Mais, ce renouveau n’est pas uniquement religieux, il est aussi porteur d’une certaine critique de la vie politique lituanienne contemporaine.

Face à cette communauté renaissante, quelle est l’attitude des pouvoirs publics lituaniens ?


Globalement, elle est très positive. Les autorités lituaniennes ont accompli un véritable travail de mémoire sur les responsabilités de leur pays dans la Shoah d’une part, et de l’autre, ils ont largement aidé la communauté à renaître. Je dirais que sur ce point, leur attitude a été encore plus volontaire que celle de la Lettonie et de l’Estonie.
Pourtant, derrière cette attitude positive, on peut parfois trouver des points de vue plus nuancés. Un certain nombre d’intellectuels, s’ils reconnaissent bien volontiers la violence inouïe avec laquelle les Juifs ont été traités par les nazis et leurs auxiliaires lituaniens, ils n’hésitent pas à affirmer qu’il ne faut pas oublier à quel point les Lituaniens ont, eux aussi, été victimes d’un autre totalitarisme, soviétique celui-là.

Vous mettez bien en valeur la renaissance de la communauté juive en Lituanie. On sait, par ailleurs, à quel point les Litvaks sont attachés à leur singularité au sein de la communauté juive en général. Quelle est aujourd’hui la place de la communauté juive lituanienne au niveau international ?

Elle reste fondamentale. Disons, pour commencer, qu’une partie des membres de la communauté est très mobile : ils voyagent régulièrement tant vers la Russie, que vers les Etats-Unis ou Israël. Par ailleurs, le JOINT [NDR : « the American Jewish Joint Distribution Committee », qui depuis 1914 aide les Juifs partout dans le monde] est très actif dans les pays Baltes. Il a joué un rôle fondamental dans la reconstruction des institutions communautaires de la Lituanie post-communiste. Il a aussi apporté une aide décisive au niveau individuel à de nombreux membres de la communauté que la transition avait laissé sur le bord du chemin.
Enfin, les Juifs lituaniens se signalent par un sionisme culturel intense, mêlé à une nostalgie russe que nous avons déjà évoquée.

Pour un visiteur français à Vilnius, quelles sont les traces visibles de cet héritage multiséculaire ?


Votre question est un brin provocatrice ! Bien sûr, il ne reste presque rien de la Vilnius juive d’avant-guerre. Mais en 1939, si la communauté était très importante, elle se signalait beaucoup plus par les costumes et les enseignes en yiddish que par une quelconque exubérance architecturale !

Aujourd’hui, la Vilnius juive est très présente dans le paysage urbain : une série de plaques marque tous les lieux importants de l’avant-guerre, les loubavitchs circulent en ville tout à fait naturellement à chaque fête et la ville ne compte pas moins de trois musées liés au judaïsme. Vous trouverez même un centre d’information culturelle .nouvelle-europe


Les Juifs de Lituanie : un travail de mémoire


vendredi 19 janvier 2007


Selon le recensement de 1989, 12.300 personnes vivant en Lituanie (dont quelque 7000 à Vilnius), se déclaraient de "nationalité juive".


Les communautés (Vilnius, Kaunas, Siauliai surtout) vivaient paisiblement et les activités communautaires se déroulaient au grand jour. Une véritable vie juive reprenait ainsi forme.
Après l'indépendance, V. Landsbergis, Président du Sajudis, soutient cette renaissance et, brisant un tabou, évoque la participation de Lituaniens à la Shoah. Les initiatives "civiles" se multiplient, changement du nom de rues, mise en place d'un département judaïque au sein de la Bibliothèque Nationale Mazvidas, création de sections locales de la Wizo, d'un club (Har) de la jeunesse, du Bétar même et finalement restauration de la communauté juive d'avant-guerre sous la présidence de l'écrivain Grigory Kanovitch.
Au plan politique, si les "révolutions chantantes" baltiques exaltent le sentiment national, celui-ci se confond alors avec la quête de démocratie. D'ailleurs, lors d'une cérémonie commémorative du 40ème anniversaire de la création de l'Etat d'Israël, le 8 mai 1990, le Soviet Suprême de Lituanie adopta une déclaration sur le génocide du peuple juif pendant l'occupation nazie.
Avec le retour du pays à l'indépendance, les Juifs se sont trouvés confrontés à une situation radicalement nouvelle. Tous les dossiers en instance, concernant des créations d'organisations ont été débloqués et des subventions - modestes il est vrai - ont été accordées. L'atmosphère est alors à l'optimisme. La renaissance d'une société civile pacifiée parait à portée de main.
Mais, bien vite, ce mur de consensus se fissure et les sensibilités occultées, s'affichent. Avec l'ouverture des frontières, un certain nombre de résidents décident - en dépit du fait qu'ils ne sont pas sionistes - de tenter l'alya. La majorité décide de rester, mais, au fil des mois - face à la dureté des temps - elle adopte une attitude de plus en plus critique vis-à-vis des nouvelles autorités lituaniennes. Formés dans une perspective internationaliste, nombre de Juifs se sentent à l'étroit dans le nouvel Etat-nation lituanien.
Par ailleurs l'anti-sémitisme refoulé pendant des années, ressort au grand jour. Au fil des mois, déballages et accusations (1) se succèdent et l'aigreur remplace l'euphorie. Sans le dire, nombre de Lituaniens ont tendance à considérer les Juifs comme les profiteurs du communisme. Ayant été coupés du monde extérieur pendant deux générations, la plupart des Lituaniens ignorent tout de la participation de certains de leurs pères à la Shoah. Les informations qui circulent à ce sujet sont dans un premier temps (1993) reçues avec scepticisme et prises pour de la propagande soviétique. Entre Juifs et communistes, on ne fait pas toujours la différence.
Dans ces conditions, les départs sont nombreux et, dans les années 1992-1993, on dit qu'un avion d'émigrants juifs décolle de Vilnius chaque semaine pour Tel-Aviv. Ceci étant, ceux qui restent sont bien décidés à maintenir la flamme et à reconstruire une vie juive sur cette terre. Pour les Lituaniens, le milieu des années 1990 a représenté à cet égard un réveil brutal. Ils se sont subitement découvert un passé inavouable. De victimes, ils devenaient aussi bourreaux.
Pourtant, la situation finit par se détendre et récemment, au prix d'un gros travail d'information et de mémoire, certaines évolutions positives se sont fait jour. Dans le domaine sensible du traitement des dossiers des criminels de guerre lituaniens, quelques progrès ont notamment été réalisés. Ainsi, en novembre 1997, le bureau du Procureur de la République, Kazys Pednycia a annoncé qu'il allait enfin rouvrir le dossier du massacre du garage Lietukio à Kaunas en juin 1941 (2). Malheureusement, peu de résultats concrets paraissent avoir été atteints dans cette affaire depuis cette date. Plus positif, en février 2001, Kazys Gimzauskas (93 ans), ancien numéro 2 des bataillons de sécurité(Sauguma) pendant la Seconde Guerre mondiale, a été condamné par un tribunal de Vilnius. Cependant Aleksandras Lileikis (âgé de 90 ans), son ex-chef, expulsé par les États-Unis et rentré au pays le 18 juin 1996, est mort sans avoir pu être jugé. Une procédure était néanmoins engagée.
Dans la vie quotidienne, quelques évolutions sont aussi à noter. On peut ainsi citer l'introduction dans les écoles secondaires lituaniennes d'un enseignement sur la Shoah. Dans le même ordre d'idée, on note la traduction en lituanien de l'ouvrage majeur de l'historien britannique de la Shoah Martin Gilbert Never again, la publication d'une quarantaine de livres sur les Juifs de Lituanie et la guerre, etc.
On note de même la création et la remarquable animation par un groupe de jeunes non-juifs, d'une Maison de la mémoire - Atminties Namai (de la Shoah), la mise en place d'une Commission présidentielle sur les crimes liés à la Shoah et la commémoration annuelle d'un jour de la Shoah (23 septembre). Par ailleurs, les historiens lituaniens ont considérablement avancé dans la découverte de la vérité.
Ces diverses initiatives paraissent bienvenues si l'on en juge par la tendance à chercher des boucs émissaires à la dureté des temps.

NOTES
-  (1) Notamment l'affaire de la réhabilitation en bloc de 50.000 condamnés lituaniens par l'URSS dont, aux yeux d'Efraim Zuroff du Centre Simon Wiesenthal, un certain nombre de criminels de guerre. Au terme d'un réexamen de la question, 1.000 réhabilitations ont été annulées en 1954, mais le mal était fait.
-  (2) Ce dossier, concernant le massacre de nombreux Juifs par des "volontaires" lituaniens avant l'arrivée des Allemands dans la ville avait été classée sans suite, faute de témoins en 1994.
Yves Plasseraud, président du Groupement des Minorités (GDM) et professeur à l'Université de Vilnius











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