AVERTISSEMENT

Amis lecteurs
Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

Les Juifs de Strasbourg

                                        .Ancienne Grande Synagogue

Histoire ancienne et contemporaine des juifs en France

La communauté juive de Strasbourg


Petite chronologie historique

La vie de la communauté juive de Strasbourg est indissociable de celle du judaïsme européen et plus particulièrement de celle du judaïsme alsacien. Elle en a subi les tribulations, jusqu'à disparaître complètement pour renaître avec des forces renouvelées. C'est pourquoi la chronologie ci-dessous prend en compte d'autres faits que sa vie propre, car ils font partie de la trame dans laquelle se tisse son histoire.

1150-1349

La première communauté israélite de Strasbourg. Ve - Xe siècles
Des Juifs vivent dans la région rhénane depuis quelques siècles, notamment à Cologne dès le Ve siècle.

Milieu du XIIe siècle

La présence d'une communauté juive est attestée à Strasbourg. Il est probable que des Juifs, victimes des persécutions dues à la seconde Croisade sont venus trouver refuge dans la ville. La ville de Strasbourg connaît à partir de cette époque une prospérité grandissante dont les Juifs profitent aussi.

XIIe et XIIIe siècles

Mais la puissance également grandissante de l'Eglise et des cités prive les Juifs de leurs droits civiques et les chasse de la vie sociale. Exclus du travail de la terre, exclus des corporations, ils ne peuvent être ni paysans ni artisans. Restent les professions d'intermédiaires du commerce et de la finance.

1241

Les Juifs de Strasbourg versent annuellement une contribution impériale de 200 marcs par an, ce qui les place au premier rang parmi les communautés juives de l'Empire. C'est le signe d'une grande prospérité.

1245

Création de la Confédération des Villes du Rhin, dont Strasbourg fait partie. Il est mentionné que la paix sera assurée aux Juifs, qu'ils soient résidents ou de passage. Mais cette paix est précaire, toujours à la merci d'un soulèvement populaire ou d'une accusation fallacieuse.

Été 1306

Arrivée massive de Juifs en Alsace. Ils viennent du royaume de France d'où Philippe le Bel les a expulsés.

1349

Date cruciale et fatidique dans l'histoire de la communauté de Strasbourg et pour tout le judaïsme alsacien. La Peste noire a atteint l'Alsace. Or,les Juifs semblent moins en souffrir que les autres Alsaciens. La pratique des ablutions et donc d'une certaine hygiène avant la lettre,l'absence de porc dans la nourriture, les enterrements immédiats, les raisons ne manquent pas pour expliquer ce phénomène dont il ne faut d'ailleurs pas non plus exagérer l'importance. Mais dès lors, les rumeurs se multiplient et les Juifs sont accusés d'empoisonner les puits. Ils sont jugés, condamnés à mort et massacrés. Les accusateurs les plus violents sont précisément ceux qui leur doivent de l'argent. Ceci illustre le fait que, parmi les crimes dont les Juifs sont victimes au fil de l'histoire, rivalités matérielles et appétits de lucre occupent une place privilégiée. C'est la fin de la communauté
juive de Strasbourg. Quelques tentatives de retour ne changent rien à cette situation.

Milieu du XIVe siècle - 1767

Un judaïsme rural. Il n'y a plus de communauté juive à Strasbourg.

1368

Les juifs tentent de se réinstaller dans les villes, notamment six familles à Strasbourg où ils récupèrent leur synagogue et leur cimetière. Mais ce mouvement est éphémère. En 1388, les 25 familles qui vivent alors à Strasbourg en sont expulsées. Cette absence dure près de quatre siècles. Elle n'est pas propre à Strasbourg. Progressivement, on chasse les Juifs des villes, à l'exception de Haguenau où leur présence continue est attestée. C'en est fini pour longtemps du judaïsme citadin. Le judaïsme alsacien devient rural.

XVe - XVIIe siècles

Les Juifs vivent donc dans les campagnes où ils forment de petites communautés assez démunies. Autant que possible, ils s'efforcent de s'installer non loin des villes. Les communautés marquantes sont alors celles de Bischheim, Rosheim et Westhoffen notamment. Mais elles restent les victimes privilégiées des guerres, invasions et révoltes.

Aux alentours de l'an 1600

On ne compte plus qu'une centaine de familles juives en Alsace.

1618 - 1648

Guerre de Trente ans. Des Juifs arrivent en Alsace, en particulier depuis le pays de Bade. Leur rôle comme fournisseurs de chevaux à l'armée ou pour les approvisionnements en fourrage ou en céréales leur ont valu le soutien des chefs militaires. Leur présence est une source de revenus pour les localités où ils trouvent asile. L'Alsace, ravagée par la guerre, a besoin de se reconstruire. Les conditions sont favorables à un renouveau.

1648

Conséquence du traité de Westphalie, l'Alsace devient française. Or les Juifs n'ont pas droit de cité en royaume de France.

1657 - 1674

Les choses s'arrangent. Des lettres patentes et une ordonnance reconnaissent officiellement la présence juive en Alsace royale.

1681

Création du rabbinat des Juifs d'Alsace. Début du XVIIIe siècle L'Alsace compte environ 1300 familles juives.

1767, le retour des Juifs à Strasbourg

1767

Cerf Berr à Strasbourg Il n'est pas encore question de communauté à Strasbourg, mais de l'arrivée dans la ville d'un homme du nom de Cerf Berr. Né en 1726 dans le Palatinat, Cerf Berr est un personnage cultivé, dynamique et attaché à la tradition religieuse. Homme d'affaires, il assure le ravitaillement en vivres des troupes stationnées en Alsace et la remonte de la cavalerie, c'est-à-dire l'approvisionnement en chevaux. Ces services expliquent qu'en dépit d'oppositions, il peut s'établir en 1767 avec sa famille à Strasbourg, dans cette ville interdite à la résidence permanente des Juifs. Il devient le représentant permanent de la "nation juive d'Alsace" auprès des pouvoirs publics. Son action porte ses fruits et la condition des Juifs s'améliore. Il participe vraisemblablement à la mise au point des mesures du 10 juillet 1784 qui ouvrent notamment aux Juifs d'Alsace, la possibilité d'exercer d'autres métiers. Cerf Berr meurt en 1793, à 67 ans.

Veille de la Révolution

L'Alsace compte de 20 000 à 25 000 Juifs, soit 3% de la population totale de la province et 50% de la population juive du Royaume.

19 - 25 mai 1789

37 délégués réunis à Strasbourg rédigent le cahier des "doléances et des vœux de la nation juive d'Alsace".

27 septembre 1791


Décret d'émancipation des Juifs de France qui donnent aux Juifs d'Alsace les mêmes droits et les mêmes devoirs que leurs voisins chrétiens. Ce décret rencontre une résistance de la part des Alsaciens, généralement
hostiles à l'émancipation des Juifs. Mais il est aussi source d'un certain désarroi parmi les Juifs car cette émancipation est conditionnée par le renoncement à leur statut communautaire. Cette exigence doit être replacée dans le contexte d'une France révolutionnaire soucieuse d'unifier et de gommer les particularismes régionaux dans lesquels on place le particularisme juif.

XIXe siècle

Renaissance de la communauté juive de Strasbourg.

1808

Décrets de Napoléon réglementant la vie économique des Juifs d'Alsace,organisant des consistoires et établissant l'état civil. Ces décrets suscitent cependant de fortes controverses car par certains aspects,ils remettent en cause les acquis de l'émancipation.

1815 - 1848

Période de la Restauration puis, à partir de 1830, de la Monarchie de Juillet.C'est une époque où les conditions d'existence du judaïsme français sortent de leur précarité. Des jours plus heureux s'annoncent. A cette époque, les Juifs revenus à Strasbourg utilisent comme lieu de prière,le "Poêle des drapiers", un ancien théâtre sous la Révolution. En 1834,ils transforment en synagogue un couvent désaffecté situé à l'emplacement du 14, rue Saint-Hélène.

1831

Décret de Louis-Philippe accordant au culte israélite l'égalité avec les cultes chrétiens en prenant en charge les traitements des rabbins et des ministres officiants. Ce décret explique l'extraordinaire essor des communautés d'Alsace au XIXe siècle.

1848

Révolution. L'affaiblissement de l'autorité centrale est toujours néfaste aux Juifs car une hostilité latente vis-à-vis d'eux saisit l'occasion de se manifester impunément. Troubles anti-juifs dans près de 60 localités d'Alsace.

1852 - 1870

Second Empire. La dynamique amorcée sous la Monarchie de Juillet se confirme. Les synagogues se multiplient en Alsace. Sur les 256 synagogues existant sur le sol français entre 1791 et 1914, 176 sont alsaciennes, soit près de 70% du total. Le judaïsme rural est alors à son apogée car déjà on observe que les villes les plus importantes attirent une population juive toujours plus nombreuse.

1870- 1871

Guerre franco-prussienne qui se solde par l'annexion de l'Alsace et d'une partie de la Lorraine à l'Allemagne qui vient dans la foulée de réaliser son unification. Les Juifs sont nombreux à quitter l'Alsace pour les départements de "l'intérieur", l'Afrique du Nord, ou même l'Amérique. Ces départs ont au moins deux conséquences : la première concerne le judaïsme parisien qui, grâce à ces arrivées, prend son essor véritable. La seconde concerne l'Alsace. Ces départs affectent en effet les communautés rurales, renforçant l'amorce d'exode rural déjà signalé, au profit de Strasbourg, Colmar et Mulhouse qui deviennent des centres juifs de plus en plus importants.

1898

C'est ainsi que la communauté juive de Strasbourg érige une synagogue, quai Kléber, dans le style néo-classique allemand, de mise à l'époque, et qui peut accueillir 1639 fidèles.

Fin du XIXe siècle

La prospérité attire les Juifs d'Europe centrale et orientale victimes d'un antisémitisme qui s'aggrave inexorablement. Toujours plus nombreux, ils fuient la misère et les pogromes meurtriers. Mais ce n'est là que la première vague d'une immigration qui va plus encore affecter la vie des communautés juives d'Alsace au siècle suivant.

XXe siècle

De dramatiques mutations

1919 - 1939

Les bouleversements politiques d'Europe centrale et orientale provoquent une deuxième vague de migrations. Un recensement en 1931 établit que 39% de la population juive de Strasbourg est d'origine étrangère. Ce  mouvement s'accentue à partir de 1933, année de l'avènement du nazisme. Affluent alors de nombreux Juifs allemands. Les différences de mentalités entre les Juifs d'Europe centrale et orientale, coupés de la terre depuis tant de siècles, rebelles à une intégration selon des modalités qu'ils ne comprennent pas, occasionnent de graves tensions. Leur mendicité chronique met à rude épreuve les mécanismes de solidarité traditionnels des communautés alsaciennes qui n'y suffisent pas. Leur différence est par ailleurs par trop manifeste au moment où les Juifs alsaciens sont plus que jamais soucieux d'intégration et voient d'un mauvais œil ces personnes à la tenue voyante et misérable qui ne cherchent guère à aller au-delà des Vosges, frontière linguistique au-delà de laquelle on ne comprend plus le yiddish. En deux mots, le judaïsme alsacien est globalement hostile au judaïsme dit "polonais". Les Juifs allemands ne sont guère mieux vus. Certains voient même en eux des concurrents quand ils sont commerçants. Freddy Raphaël écrit : " Un grand nombre de Juifs d'Alsace se complaisent dans un patriotisme chauvin qui leur fait oublier qu'ils sont juifs également. Le mot "Ashkenes" (Juif d'Allemagne) a les mêmes connotations péjoratives que "boche" et exprime un profond mépris ".

1939

Le 2 juillet, René Hirschler devient Grand Rabbin du Bas-Rhin à la place d'Isaïe Schwartz, élu Grand Rabbin de France, le 8 mars 1939. Le 3 septembre, la France déclare la guerre à l'Allemagne. 15 000 Juifs d'Alsace-Lorraine fuient leur région.

1940 - 1945

Le 3 octobre 1940 est promulgué par le gouvernement de Vichy le statut des Juifs qui les exclut de la société française. Le 12 septembre, la synagogue du quai Kléber est incendiée puis rasée par les Nazis. Sur les 20 rabbins français disparus en déportation, 11 sont nés ou ont exercé en Alsace, dont René Hirschler, et sur les 25 ministres officiants disparus, c'est le cas de 21 d'entre eux.

1945 - 1960

La vie juive se reconstruit. Les Juifs alsaciens rentrent au pays. Mais le judaïsme rural, déjà en perte de vitesse, a reçu un coup fatal. Ce sont les plus anciennes générations qui retournent au village, les plus jeunes préférant la ville. Le judaïsme alsacien est dorénavant citadin.

Le 23 mars 1958, est inaugurée la nouvelle synagogue de la Paix, sur les plans de l'architecte Claude Meyer-Lévy.

1962

Avec la guerre et la Shoah, un changement s'est opéré dans les mentalités. Il n'y aura pas de seconde "rencontre manquée", comme Freddy Raphaël qualifie celle des Juifs d'Alsace et d'Europe orientale. La fin de la guerre d'Algérie voit affluer les Juifs Séfarades d'Afrique du Nord. Ils sont accueillis fraternellement. Les différences de mentalités, de traditions, si elles surprennent et peuvent parfois occasionner quelques différents, sont aussi largement compensées par le tempérament chaleureux des nouveaux arrivants. L'intégration est un succès.

Aujourd'hui

La communauté juive de Strasbourg,constituée en association selon la loi de 1901, compte 2000 familles. 60% de ses effectifs sont Ashkénazes, à large majorité alsacienne, 40% sont Séfarades.


Etablie par Pascale Cornuel, ARTE.



cisonline

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