AVERTISSEMENT

Amis lecteurs
Je ne fais ce Blog que pour vous faire decouvrir les tresors du Judaisme
Aussi malgre le soin que j'apporte pour mettre le nom de l'auteur et la reference des illustrations sur tous ces textes , il se pourrait que ce soit insuffisant
Je prie donc les auteurs de me le faire savoir et le cas echeant j'enleverais immediatement tous leurs textes
Mon but etant de les faire connaitre uniquement pour la gloire de leurs Auteurs

Les Juifs de Roumanie

Temple choral, principale synagogue en fonction à Bucarest. Il ne reste aujourd’hui que 5 synagogues contre une centaine avant guerre.




Chronologie : 1858-2006

Les juifs de Roumanie

La communauté juive de Roumanie était autrefois une des communautés les plus nombreuses et les plus puissantes d’Europe. Forte de près de 900 000 membres avant la guerre, il ne reste environ que 6000 âmes à Bucarest, le centre juif. Néanmoins, un retour des enfants de la Shoah a eu lieu ces dernières années après la chute du régime Ceausescu.

Le Traité de Paris

•La reconnaissance de l'indépendance des Principautés Unies de Moldavie et de Valachie érigées en un Etat unique est le résultat du Traité de Paris de 1858. Le nouvel état compte 250.000 juifs parlant, en majorité le yiddish, qui se rattachent au peuplement juif éclaté de la grande plaine de l'Europe de l'Est. En Galicie, les juifs sont autrichiens, en Podolie, Bessarabie et plus au Nord, après avoir été polonais, vivent dans l'Empire Russe. En Roumanie ils restent " étrangers".

• Le Traité de Paris impose au nouvel Etat d'adopter une égalité de droit dans le cadre d'une citoyenneté moderne. En vain. L'inquiétude s'empare des cercles politiques européens, illustrée par le voyage à Bucarest (1866) du député Adolphe Crémieux. Une longue liste d'actions antisémites est à déplorer dans tout le pays. Certains commerces, professions et la propriété foncière sont interdits aux juifs. Ils sont chassés des  campagnes, affluent vers les villes, d'où ils seront ultérieurement poussés à l'exil, toujours comme «étrangers ».

Le Congrès de Berlin

• Du 13 juin au 13 juillet 1878, Otto von Bismarck, chancelier du royaume de Prusse réunit au Congrès de Berlin les représentants des puissances européennes. La "question juive" en Roumanie,sous-tend ces débats. Finalement, le résultat fut qu'au lieu des 3.000 naturalisations convenues avec le Ministre Bratianu, seuls 838 anciens soldats juifs et 200 autres personnes furent naturalisés.
La situation reste identique : interdiction aux juifs "étrangers" de l'exercice des professions de médecin, agent en bourse, juristes etc... si bien que s'établit vers la fin du siècle un fort courant d'émigration vers l'Amérique, l'Egypte et la Palestine.

• De cette époque (1902), date le court voyage en Roumanie de Bernard Lazare. L'opinion était sensibilisée à la souffrance des juifs roumains. Le président des États-Unis, Théodore Roosevelt envisagea d'intervenir sur le sol roumain de concert avec l'Empire Britannique, en vain. Une révolte paysanne se produit en 1907 qui renforça l'antisémitisme des masses agraires.

La Garde de Fer

• La Roumanie issue de la guerre de 1914-1918 est un pays élargi. Nombreux juifs ont combattu les Puissances centrales, se sont intégrés à la nation, et aspirent à une véritable émancipation.
Restent cependant les masses miséreuses exclues de l'enseignement public. Des associations politiques et culturelles créent des écoles et des associations philanthropiques et sionistes. La vie politique roumaine sera marquée, jusqu'au génocide nazi, par un clivage profond entre les communautés nationales. Un extrémisme de droite va naître.

                                                                                                           Cimetière juif de  Bucarest.








• La misère bouleversante de certains juifs roumains est connue en Europe. L'Alliance Israélite Universelle organise des actions charitables, Albert Londres signe un reportage dans Le Petit Parisien en Transylvanie, repris sous le titre "Le Juif errant est arrivé". Les crises économiques de 1920 et 1930 aggravent l'antisémitisme de la droite. Naissance de la Légion de l'Archange Michel en 1929 mouvement fasciste qui deviendra la Garde de Fer, puis le parti Tout pour le Pays qui obtiendra 16% des voix aux élections en 1937. L'égalité des droits ne fut réelle pour les juifs qu'en 1932. A la veille de la deuxième Guerre Mondiale, le Roi Carol II ne put maintenir une démocratie parlementaire, il institua la Dictature en février 1938.

L’extermination

• En septembre 1940, le nouveau "Conducator" Ion Antonescu soutenu par les "Légionnaires" de la Garde de Fer déposés par le Roi Carol, range son pays aux côtés de l'Axe. La Bessarabie était pour les armées nazies une base avancée pour attaquer l'Union Soviétique. Le drame des juifs roumains résulte de deux responsabilités : allemande et roumaine.

• 22 juin 1941, début de la guerre entre l'Axe dont fait partie la Roumanie et l'URSS. Arrestation et déportation vers l'Est, au delà du Dniestr, de 300.000 juifs de Bessarabie et Moldavie par les Roumains. Ce territoire russe baptisé "Transnistrie" pour la circonstance est occupé par les troupes allemandes qui refoulent les juifs dans des conditions dramatiques. Ils sont massacrés ou internés.

• En conclusion du désastre, sur une population juive totale de 750.000 avant la guerre, 320.000 soit 43 % périront. Le Grand Rabbin de Roumanie Alexandre Safran réussit, avec d'autres leaders juifs, à obtenir l'arrêt des déportations des juifs de Transylvanie du sud et de l'ancien royaume dans les camps de la mort en Pologne. Les juifs de Transylvanie du nord, occupée alors par la Hongrie, furent dans leur immense majorité déportés et tués à Auschwitz.

•Le 23 août 1944, la Roumanie rejoint le camp des alliés. De 1947 à 1950, une émigration massive se produit, surtout vers la Palestine et l'Europe occidentale. Plus tard, le Grand-Rabbin Safran négociera avec Ceausescu le départ "contre devises sonnantes et trébuchantes" de près de 300.000 juifs roumains vers Israël.

Les juifs roumains post Ceausescu

• Il ne restait plus qu'une vingtaine de milliers de juifs en Roumanie, à la mort de Ceausescu (1989), dont 12.000 à Bucarest, avec 92 synagogues en activité (six à Bucarest). Le rôle joué dans la "Révolution" roumaine par Peter Roman, fils de l'un des chefs des Brigades Internationales en Espagne ou Silviu Brucan, ancien ambassadeur de Ceausescu à Washington, n'a rien fait pour éviter le retour d'un antisémitisme
qui avait rentré ses griffes sous les deux dictatures précédentes.

• Aujourd’hui, les enfants de la Shoah sont nombreux à revenir dans un pays jadis déserté par leurs parents. On compte en Roumanie environ 3 500 entreprises israéliennes et 15 000 hommes d'affaires juifs qui ont injecté dans ce pays autour de 2 milliards d'euros. En Israël, les juifs d'origine roumaine sont eux autour de 500 000.
akadem


        La communauté juive de Bucarest






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Musée des Martyrs Juifs dans la Grande Synagogue. Ici, la déportation en Transnistrie.
Rouleaux sacrés 
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Il n’y a plus de Juifs en Roumanie... C’est en substance ce que l’on entend fréquemment à Bucarest. La plupart des Roumains sont persuadés que le régime fasciste du maréchal Antonescu a poussé les survivants des camps de la mort vers l’exil. Ce pourrait être vrai, à un détail près, que cette communauté existe encore et que, malgré sa taille réduite et sa moyenne d’âge très élevée, elle survit et semble même en passe de retrouver le dynamisme intellectuel de l’entre deux guerres.
Depuis l’ouverture des frontières et plus particulièrement depuis que le pays est candidat à l’intégration dans l’Union européenne, cette communauté relativement discrète est à nouveau apparue au centre des enjeux de la société roumaine.
D’abord en 1995, lorsque la Roumanie a signé la convention cadre pour « la protection des minorités nationales afin d’en assurer leur continuité ». A ce titre, les Juifs - qui sont considérés à part entière comme une nationalité, au même titre que les Hongrois ou les Allemands - bénéficient d’une représentation au parlement et de crédits spécifiques de la part du gouvernement.
Mais surtout en janvier 2001, quand, à l’occasion de la commémoration du pogrom de Bucarest de 1941 orchestré par les légionnaires, le président de la République, Ion Iliescu, reconnaissait officiellement la responsabilité roumaine dans la tragédie de la deuxième guerre mondiale : « il ne faut jamais oublier la signification dans l’histoire de la Roumanie de ce « délire » de l’intolérance et de l’antisémitisme. Les horreurs que les Juifs ont vécues ont été les plus atroces, justement parce qu’elles concernaient le peuple qui a donné à l’humanité la plus haute idée de l’homme, le considérant créé par Dieu, « d’après son image ».
Mais au delà de la volonté politique, dans un intérêt bien compris d’intégrer les structures occidentales, de reconnaître officiellement la responsabilité du régime fasciste dans la destruction des Juifs de Roumanie, changer les mentalités reste encore un véritable défi.
L’antisémitisme est encore très présent en Roumanie. Récemment, deux jeunes gens ont pénétré au musée juif de la capitale où ils ont demandé à voir « les savons juifs ». Choqués, les guides de ce musée, des personnes âgées, ont refusé d’obtempérer et ont été violemment battus par ces délinquants, qui ont également brisé les vitrines du musée. Cette attaque du musée s’inscrit dans toute une série de délits anti-juifs : profanation de cimetières et de synagogues, encarts antisémites dans la presse. La sagesse revenant en dernier lieu au président de la fédération des communautés juives de Roumanie, l’académicien Cajal, qui déclare que « tous les Roumains ne sont pas antisémites mais qu’il existe encore en Roumanie de nombreux antisémites ».
Ces actes, en apparence isolés, semblent s’inscrire dans un mouvement plus vaste de reconquête de la scène politique par l’extrême droite. Il existe à Bucarest des clubs néo-nazis qui s’intitulent « légionnaires » et qui entendent imiter la Garde de fer fasciste. Ils portent l’uniforme nazi, sont de fervents admirateurs d’Hitler et de son livre « Mein Kampf », entendent mettre en place des camps d’entraînement militaire et diffusent des instructions nazies à leurs nouveaux membres.
Et puis, il y a le Parti de la Grande Roumanie de Vadim Tudor qui compte parmi ses rangs de nombreux négationnistes qui ne se privent pas de tenir des discours antisémites. A la dernière élection présidentielle, cette force politique d’extrême droite a passé le premier tour et a recueilli près de 30 % des suffrages au second.
Dans ce contexte ce sont les pressions américaines qui ont obligé les autorités roumaines à réviser leur conduite concernant la minorité juive et en faisant voter une loi condamnant les propos et les actes racistes, xénophobes ou antisémites, en interdisant l’érection de statues à la gloire du maréchal Antonescu ou encore en lançant une vaste campagne pour la révision des manuels scolaires. Parce qu’en effet, si beaucoup pensent que cette communauté a disparu depuis longtemps, ils sont en même temps persuadés que les crimes commis pendant la deuxième guerre mondiale l’ont été par les autorités nazies ou par les Hongrois, oubliant étrangement que le gouvernement roumain a orchestré entre 1940 et 1942 son propre système de déportation des Juifs en Transnistrie, sans avoir le moins du monde été sollicité par les autorités nazies.
L’Etat légionnaire roumain avait alors sombré dans une période de terreur, des pogroms ayant lieu à Bucarest (120 morts), à Iasi (plusieurs milliers de morts) et dans tout le pays. Antonescu reçut alors le soutien du IIIème Reich. Et au cours de l’été 1941, la décision fut prise « d’évacuer » les Juifs de Bessarabie et de Bucovine vers la Transnistrie, ancienne province soviétique récemment conquise et placée sous administration roumaine. Partout furent constitués des ghettos, des camps de concentration et les Juifs furent soumis au travail obligatoire. En février 1942, les « évacuations » prirent étrangement fin. Cependant, le bilan est lourd : 180 000 Juifs ont été déportés en Transnistrie, 87 000 d’entre eux sont morts ; en tout, 265 000 Juifs ont été massacrés ou sont morts en déportation ; les armées roumaine et allemande ont massacré 170 000 Juifs ukrainiens dont 25 000 à Odessa ; et 70 % des 151 000 Juifs de la Transylvanie occupée par les Hongrois déportés en 1944 ont péri à Auschwitz. Raul Hilberg écrit à ce propos : « Aucun pays, Allemagne exceptée, ne participa aussi massivement au massacre des Juifs… Les témoins et les survivants qui ont relaté la manière dont les Roumains conduisaient les opérations évoquent des scènes dont on ne trouve aucun équivalent dans l’Europe de l’Axe. » Et paradoxalement, dans aucun autre pays dominé par l’Allemagne, le nombre de survivants ne fut aussi élevé : 355 000.
Malgré la chute du régime communiste et les récents travaux d’historiens, seuls 50 % des manuels scolaires présentent aujourd’hui clairement la participation de la Roumanie à l’extermination des Juifs d’Europe.
Pour pallier ces « défaillances », un « cours de l’histoire de l’Holocauste » a été inauguré en mars 2002 au Collège National de la Défense , en présence du premier ministre Adrian Nastase et des représentants des ambassades des Etats-Unis et d’Israël à Bucarest. L’intégration dans l’U.E. et dans l’OTAN oblige finalement les autorités roumaines à un ré-examen de leur passé. Mais il faudra encore au moins une génération pour que les mentalités changent…
La communauté juive de Bucarest était autrefois une des communautés les plus nombreuses et les plus puissantes d’Europe. Forte de près de 900 000 membres avant la guerre, elle se résume aujourd’hui à environ 6000 âmes. De la centaine de synagogues d’avant guerre, il n’en reste plus que cinq. Une d’entre-elles, le temple Choral, sert de centre pour la vie religieuse et communautaire et deux autres ont été transformées en musée de la déportation et du judaïsme.
Pourtant, malgré l’effacement progressif de cette communauté en raison de l’émigration et de son vieillissement démographique, Bucarest reste le principal centre juif de Roumanie. On y trouve le siège de la communauté, centre d’une véritable organisation sociale d’aide envers les plus nécessiteux. Et malgré la grave crise sociale que traverse le pays, ceux-ci ont accès à une aide financière pour compléter leurs maigres retraites (env. 80 euros par mois), mais aussi à des soins gratuits, ou encore à des repas servis à la cantine du centre culturel juif pour le prix d’un ticket de bus. Il faut bien comprendre que la plupart des Juifs roumains sont aujourd’hui très âgés et qu’ils subissent de front les difficultés économiques nées de la transition. La communauté leur offre, grâce à l’aide extérieure, une fin de vie décente dans des maisons de retraite.
Mais au delà de cette solidarité, il s’agit bien de la culture et de la mémoire qui sont au coeur des préoccupations de cette communauté. Les éditions juives Hasefer ont publié près d’une centaine d’ouvrages ces cinq dernières années sur l’histoire des Juifs de Roumanie ou encore sur leur participation à la construction de l’identité nationale roumaine.
Et avec Varsovie, Bucarest peut prétendre être la dernière ville d’Europe à accueillir un théâtre juif dont les pièces sont jouées en yiddish. Ce théâtre, dirigé par Harry Héliad, est l’héritier du premier théâtre juif en langue yiddish créé à Iasi, dans le nord de la Roumanie, au siècle dernier. Nationalisé après la guerre, il a proposé et propose encore des pièces tirées du répertoire classique juif, la plupart jouée en yiddish et traduites simultanément en Roumain.
Mais il reste beaucoup à faire. Dorel Dorian, député juif au parlement énumère ainsi les chantiers de l’année en cours : « « Nous travaillons actuellement à la création d’un fondation pour la sauvegarde de l’héritage juif en Roumanie. Nous avons comme projet de réaliser des films dans tous les cimetières, dans toutes les synagogues, de traduire les textes et les spectacles en anglais pour les mettre sur internet. Nous avons l’intention de cultiver la mémoire des grands créateurs juifs en Roumanie […] pour qu’ils continuent d’exister même après la disparition de la plupart de la population juive ».
Cependant, l’avenir de la communauté juive de Bucarest ne semble pas encore assuré. La lente disparition de ses membres pose le problème de la relève et de la transmission de cet héritage. La plupart des jeunes préfèrent s’installer en Israël ou en Occident pour y trouver des conditions de vie décentes, ne gardant souvent que peu de liens avec la Roumanie.
A titre d’exemple, il n’y a eu qu’une seule Bar Mitzva ces 18 dernières années. ET les moins de 30 ans sont moins de 1000 dans l’ensemble de la communauté juive roumaine. Il existe bien une école juive financée par la fondation Lauder, mais celle-ci n’accueille qu’une quinzaine d’enfants juifs. C’est ce qu’ont bien compris les représentants de la Joint américaine qui travaillent essentiellement à la formation des plus jeunes, dans le cadre le l’Organisation des Jeunes Juifs de Roumanie, en leur proposant des séminaires sur l’histoire et la cultures judaïques et en essayant de les convaincre de s’investir dans la vie communautaire. Et certains sont sensibles à cette (re)découverte du passé de leurs parents et de leurs grands parents. L’apprentissage des traditions est en quelque sorte une réponse à leurs questionnements identitaires. D’ailleurs, ce dimanche, a été célébré un mariage juif traditionnel. Suffisamment rare pour être en soi un événement, la synagogue était bondée. Les jeunes époux ont reçus tous les honneurs des représentants juifs et ont célébré, au delà de leur union, une sorte de victoire sur la fatale disparition de la communauté et de sa culture. Nombreux sont ceux, parmi les jeunes, qui trouvent ainsi au sein de la communauté ce sentiment d’appartenance qui semble trop souvent faire défaut dans la société roumaine.
Mais ces jeunes partent s’installer en Israël ou ailleurs en quête d’une vie meilleure et ne reviennent que rarement dans leur pays d’origine. Il est clair que les conditions économiques poussent la plupart d’entre eux vers l’abandon de la Roumanie et vers des choix de vie plus enclins à leur assurer un avenir. Mais pour ceux qui restent, reconstruire une communauté puissante reste une véritable défi. Et paradoxalement, Dorel Dorian, le représentant de la minorité juive au parlement, n’hésite pas à dire que « la vie culturelle et spirituelle juive en Roumanie a le même niveau que celui qu’elle avait avant la guerre, quand il y avait neuf cent mille juifs ».

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